« Les reines d’Anosibé »
Lieu : Madagascar
Durée de tournage : 1 mois
Réalisation :Jean Boggio-Pola
Produit : en 2007/2008 par MC4
Durée :52 mn
Un documentaire sur l'enfance à Madagascar,
de la naissance à la scolarisation,
un voyage plein d'amour et de tendresse sous le giron d'une sage femme d'exception.
CRITIQUE TELERAMA
TT
Présenté par Elyas Akhoun. Documentaire de Jean Boggio-Pola (France, 2008), 52 mn. Inédit. Dans le quartier populaire d’Anosibé, à Antananarivo, à Madagascar, Anja est accoucheuse traditionnelle depuis plus de quarante ans. En quelques mois, elle a formé la jeune Det au métier de sage-femme. Jour après jour, munies d’une couverture et d’une lame de rasoir (sic), elles pratiquent des massages traditionnels, conseillent et accouchent des femmes trop pauvres pour aller à l’hôpital. Dans ce documentaire, le réalisateur a suivi cinq mères sur le point de mettre au monde leur enfant. Comme Farrah, 21 ans, qui accouche pour la deuxième fois. Au-delà des gestes ancestraux d’Anja et de Det face à l’imminence d’une naissance, ce film porte un regard sans concession sur la condition des femmes dans un pays frappé par la grande pauvreté. Vingt-cinq ans à peine et Farrah, Tina, Violette, Voula et Tantine ont déjà chacune plusieurs enfants. Un mari ou pas. Ces familles nombreuses survivent grâce à des petits boulots. Les femmes enceintes, elles, accouchent à domicile, dans des cabanes insalubres, sans eau courante ni sanitaire. L’hôpital reste la solution d’urgence ou celle de la dernière chance… Si les patientes d’Anja et de Det gardent leur sens de l’humour et de la dérision en toutes circonstances (« j’ai eu envie d’aller aux toilettes. J’ai vu les pieds du bébé qui dépassaient… », explique l’une d’elles), ce documentaire, tourné parfois à la faible lueur d’une ampoule nue, révèle une réalité tragique : en 2008, des centaines de femmes meurent en accouchant. Des bébés aussi, faute de soins. Malgré l’absence regrettable d’information sur les efforts menés par le Planning familial, ce film est un témoignage fort, sans sensiblerie, qui illustre le fossé entre accoucheuses et médecins, tradition et modernité.