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« De la pluie à l'océan,

parcours d'un fleuve »


Lieu : Brésil

Durée de tournage : 1 mois

Réalisation :Jean Boggio-Pola

Produit : en 2015  par MC4

Durée :52 mn


    Un documentaire sur l'Amazone, de sa naissance à son embouchure.


Commentaire et personnages film


Il faut environ un million de gouttelettes minuscules pour fabriquer une goutte de pluie.

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Ici les orages sont violents mais ne durent pas. En moyenne deux litres et demi de pluie tombent chaque année sur le sol fertile de la forêt amazonienne, soit trois fois plus qu'en France.

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En Amazonie, l'eau nourrit, lave, rafraichit, embellit, danse sur un monde luxuriant. Animaux végétaux et les quelques hommes qui vivent au cœur de ce monde savent profondément que ce cadeau du ciel leur offre la vie.

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L’Amazone prend sa source au Pérou, dans un des sommets de la cordillère andine, le Nevado Mismi.

Le plus grand fleuve du monde dévale les montagnes pour atterrir dans une plaine immense et coulera lentement pendant plus de 6.000 km jusqu’à l’Atlantique. Sur son chemin, l'Amazone reçoit plus de 500 affluents dont 20 puissants fleuves, longs de plus de 1500 km !! Le rio Negro sur la rive gauche est aussi gros que le Congo. Le rio Xingu aussi abondant que le Gange.

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Tout ce réseau d'eau, grands et petits forment un dédale de chemin navigable, de la pirogue à la péniche, inextricable. Une sorte de gigantesque labyrinthe connu seulement des habitants de la forêt.

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L'eau est présente partout: sur terre, sous terre, dans l'air, au cœur des arbres, au bout des feuilles… Les animaux, les plantes et les hommes qui vivent au milieu de cette immense forêt y ont accès en permanence. 

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Comme la famille de Danilo. Avec sa femme Naira et ses deux enfants, ces caboclos, moitié indien moitié portugais, vivent dans une petite maison au bord du rio Japura, a 500 km de la frontière colombienne.


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Ils sont nombreux comme cette famille à vivre en quasi autarcie dans une nature qu'ils respectent parce qu'elle leur donne tout ce dont ils ont besoin. Ils s'inscrivent, sans le savoir vraiment, dans une démarche de développement durable. Ils ne détruisent pas, ils prélèvent.

 Il a fallu plusieurs millions d'année pour que cet équilibre parfait unisse l'eau et les éléments qui l'entourent. L'eau crée la forêt qui fabrique la pluie et entretient le fleuve.

Malheureusement l'Amazonie est un territoire extrêmement convoité et généralement, lorsque l'avidité de l'homme rencontre des moyens financiers, la nature n'est plus à l'abri.

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Au départ l'eau n'est pas encore pervertie par la déforestation, les barrages, la pollution. Ici l'eau est encore pure, intacte.

Très  lentement l'eau continue sa longue route vers l'océan atlantique. Nous sommes maintenant près d'une petite ville appelée Fonte Boa à 400 kilomètres de la frontière colombienne.

Les petits cours d'eau se sont amassés pour former l'un des principaux affluents de l'amazone, le Rio Negro.

Les rares habitations sont encore loin de tout.

  1. Manoël Do Carmo écologie

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Cette maison assez imposante est unique dans cette région. Elle est l'œuvre d'un homme Manoël Do Carmo.

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Cet ancien politicien s'est battu dans les arènes publiques pendant 15 ans pour tenter d'améliorer le sort de ces concitoyens. Il a ensuite décidé ensuite d'arrêter de parler et d'agir. Il a conçu cette ferme expérimentale au fin fond de la forêt. Il cultive principalement des bananes, des fruits de la passion et des légumes. La vente de ces denrées lui rapporte, à elles seules plus de 300 euros par mois, largement de quoi nourrir sa famille. Pourtant son activité principale reste la pisciculture.

3000 poissons sont répartis dans trois bassins.

Aujourd'hui Alberto, le fils ainé de Manoël a trouvé une nouvelles recrues de près de 10 kilo. Ce poisson chat femelle va trouver sa place dans le grand bassin.

Le principal ennemi de ces poissons c'est le manque d'oxygène. Pendant la saison sèche, l'eau se renouvelle peu et devient sous-oxygénée. Ce matin les crevettes présentes dans le plus grande de ces bassins, étaient toutes massées au bord de l'eau, cherchant désespérément de l'air, signe caractéristique du manque d'oxygène dans l'eau.  Il les a donc pêchées et a ensuite remué l'eau pour oxygéner son bassin.

Ici, rien ne se perd. Les crustacés ont été ramassés pour être cuite et serviront de nourriture aux hommes et aux animaux domestiques

Les racines de Manoël c'est cette région dans laquelle il est né et il a grandi. Mais son long passé de politicien l'a amené à réfléchir sur le monde. Manoël n'est pas un fermier ordinaire.

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Evidemment qu'il serait préférable que le peuple Ribeirinho, ces amazoniens tous pauvres, laissent l'Amazonie intact.

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Mais il faut que je vous dise que là-bas, dans les pays industrialisés, en Europe ou en Amérique du Nord, la forêt a aussi été abimée.

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Je veux dire par là que nous ne pouvons pas être les seuls responsables de l'équilibre de la nature, mêmes si je suis conscients que l'Amazonie joue un rôle très important dans la survie de notre planétaire.


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Je pense les problèmes de l’Amazonie sont mineur par rapport au réchauffement climatique. L'augmentation de la température de la Terre n'est pas causés par l'intervention de l'homme dans la forêt, principalement du petit, du fermier familial, mais des grands centres urbains, la grande quantité d'automobiles, des industries qui jettent d'immense quantité de CO2 dans l’atmosphère.

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Ici nous ne pouvons pas couper un arbre pour le commercialiser, car beaucoup d'organismes comme l’IBAMA nous surveillent en permanence. S'il ne certifie pas le bois pour qu’il soit commercialisé légalement nous ne pouvons pas le vendre. Par contre les industries installées autour et dans les centres urbains propulsent tous les jours des tonnes de CO2 dans l'air.

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Si je vous raconte tout cela c'est parce que je pense qu'il nous faut tous changer notre comportement, que le rapport à la nature de l'homme en général, que ce soit l’homme qui vit dans l’Amazonie, ou l’homme qui vit dans des grands pays développés. Il faut que tous les hommes prennent des mesures pour que nous puissions ensemble préserver, conserver la beauté de ce que nous avons, c’est-à-dire la Planète Terre.

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Le Rio Negro, rejoint par des centaines de rivières, s'écoule paisiblement vers Manaus. C'est devant cette grande ville qu'il rencontre un autre fleuve, aussi majestueux que lui mais avec une eau blanche. Les deux pachydermes d'eau se mélangent sur 200 km pour former le plus grand de tous les fleuves, le rio Amazonas. C'est là, au moment où il est si fort que rien ni personne semble pouvoir l'atteindre, dans l'entrelacs des rivières petites et grandes qui le rejoignent, qu'il va subir les premières agressions de l'homme.

  1. Déboisement

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L'eau et les arbres entretiennent des relations très étroites. Lors d'une averse tropicale, la forêt absorbe tout le liquide dont elle a besoin, puis cette eau s'évapore des feuilles grâce au processus d'évapotranspiration et retourne au ciel au lever du jour en brume légère. C'est la même eau qui retombe sans cesse, d'arbre en nuage, de nuage en rivière. De la chaleur d'hier tombe les pluies d'aujourd'hui qui a leur tour s'évaporeront demain.

Si sur pratiquement toute la planète 80% des pluies proviennent des océans et 20% des terres, ici 50 % de la pluie qui se déverse sur le bassin amazonien provient de la forêt et l'autre moitié de l'océan.

Dans cette partie du monde à forte nébulosité, on rencontre des zones de fort albédo, c'est-à-dire qu'une grande partie de la chaleur solaire non utilisée par la végétation est réfléchie et exportée de chaque côté de l'équateur jusqu'à des régions non tropicales.

La forêt redistribue la chaleur et fait naitre la pluie.

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En tenant compte des programmes de reforestation, Il disparaît dans le monde chaque année depuis 15 ans : 80.000 km2 de forêt, soit la surface de l’Autriche.

L’Amazonie en est la principale victime avec la disparition de 12 300 km2 de couvert forestier par an, ce qui correspond à la surface d’un terrain de football toutes les 7 secondes.

Entre 1492 et 1970, 1% de la forêt amazonienne a été détruite. Durant ces 35 dernières années, cette même forêt s'est réduite de 14 %, soit une superficie supérieure à deux fois celle de la France.

Pedro est garde forestier. Son travail est de surveiller la forêt pour empêcher les coupes illégales. Malgré une profonde conviction, Pedro est dépassé. Il n'a pas les moyens de surveiller les 12 000 hectares qu'il a en charge. Quand il arrête un chantier de déboisement, un autre se forme plus loin.

Pedro vieira Alves

Garde forestier

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Le déboisement traditionnel provient de petites familles. Je vois régulièrement apparaitre des petits espaces qui sont créés chaque année. Ils vont commencer petit à petit, en plusieurs fois, ils font des trous partout, ici et là. Peu à peu ils vont remplacer la forêt native par une forêt secondaire qui laisse le sol complètement exposé au soleil, à sa chaleur.

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Les grands déboisements c'est différent. Ils coupent de 10 à 15 ha d’un seul coup. On pourrait considérer alors que le déboisement familial n'est pas dangereux, mais il n'en est rien. En fait c'est comme le travail des fourmis, on ne s'en aperçoit pas mais il ne s'arrête jamais. Le déboisement augmente petit à petit. Dès qu'une aire de forêt est déboisée l'équilibre est rompu, le soleil tape directement sur un sol assez pauvre qui rapidement ne sera plus fertile.

03 :33 Par exemple cette petite plantation a 1 an et demi. Elle n'est pas très grande. Elle ne fait que 2 hectares. Ça parait insignifiant par rapport à l'immensité de la forêt. Pourtant si l'on multiplie le nombre de déforestations sauvages comme celle-ci, dans 10 ans il n'y aura plus de forêt dans cette région.

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Cette lente érosion de la forêt semble être inexorable.  Une voie sans issu… Poussé par la nécessité la plupart de ces exploitants illégaux se battent pour leur survie et celle de leur famille. Le facteur économique est donc au cœur de la problématique de la déforestation.

Bernard Cassagne, docteur en sciences naturelles l'a bien compris. Il s'est dit que l'intérêt économique du petit caboclos ou d'une grande entreprise d'extraction du bois seraient toujours prépondérant sur l'intérêt collectif. Il a d'abord mis au point un système de gestion raisonné du bois extrait de la forêt tropicale humide puis il est allé voir les grandes exploitations forestières et leur a fait une proposition qu'ils ne pouvaient pas refuser.

INTV (en français) Bernard Cassagne Direction Générale FRM

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Il leur a donc proposé de gagner plus d'argent, de ne plus avoir de problème avec les populations locales et de préserver leur outil de travail : la forêt.

Arlei Fontoura dirige depuis sa création la branche brésilienne de Forêt Ressources Management. Le problème humain est au cœur de ces préoccupations.

 INTV Arlei FONTOURA Direction FRM Brésil

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Pour préserver la forêt il faut donc des gardiens. Ces gardiens ne peuvent être que ceux qui l'exploitent. Finalement tout le monde est gagnant dans cette aventure. Que ce soit la forêt, qui est respectée et gardée, le social avec la création de nombreux emplois stables, ou l'entreprise qui devient à la fois plus rentable et durable.

 

  1. Chercheurs d'or (Victoria do Xingu)

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Cette réconciliation possible entre l'homme et la forêt est positive pour l'eau. Pourtant le fleuve va rencontrer d'autres problèmes. Sa force, son débit vont devenir aussi son talon d'Achille. En se renforçant le fleuve devient parfaitement  navigable, un atout pour les exploitants, un problème  pour l'eau. Nous sommes près du fleuve Xingu à 4400 kilomètres des origines de l’amazone et à peine 400 km de son arrivée dans l'atlantique.

La recherche de l'or en Amazonie ne date pas d'hier. Elle a débuté dans l'état du Mato Grosso, au sud de la forêt amazonienne, en 1718.

Josinaldo Moura de Carvalho

Pourtant ces  chercheurs d'or, appelé Garimpeiros, sont pour la plupart de pauvres gens qui ont se battent dans des conditions inhumaine pour tenter de s'en sortir. Ce village fantôme est le témoin muet de ce monde en constante mutation. Un bruit qui cours, un filon découvert et les hommes se précipitent au même endroit, draguent, fouillent, défrichent, polluent, frénétiques insectes en quête de richesse, puis s’en vont laissant derrière eux une nature abimée qui ne s’en remettra jamais tout à fait.

Josinaldo est venu ici il y a dix ans. C'est l'un des seuls qui soient restés dans ce village abandonné.

Avec sa femme et ses deux enfants, ils continuent de vivre dans cet endroit perdu où personne ne vient jamais.

Josinaldo a récupéré une vieille broyeuse qu'il a retapée avec les moyens du bord.

Il faut que Josinaldo livre plus de 200 kilos de terre au broyeur pour quelques grammes d'or. La machine recrache la poussière qui glisse sur une plaque métallique enduite de mercure. L'or contenu dans la terre se fixe alors sur la plaque en aluminium. Il récupère ensuite l'or amalgamé et le lave abondamment. Il a entre ses doigts une pâte argentée qui est un mélange de mercure et d'or. C'est chez lui, en chauffant cette pâte à plus de 400 degrés, que le mercure pourra alors s'évaporer laissant l'or apparaitre.

Ils sont encore une cinquantaine qui, comme Josinaldo, ont décidé de rester dans cette région pour continuer à extraire l'or. Ils vendent le fruit de leur travail dans une petite ville, non loin de là.

Il y a peu de temps cette petite ville était encore prospère. A l'époque, les rues ne désemplissaient pas : prostitutions, jeu, alcool, elle était le lieu de rendez-vous de tous les chercheurs d'or qui venaient ici pour vendre leur marchandise, dépenser le peu d'argent qu'ils avaient durement gagner, en buvant et s'encanaillant.

Aujourd'hui les 260 habitants qui ont décidés d'y rester, vivent en paix. L'eau comme partout ici est au centre de leur vie. En particulier à la fin de la journée. La canicule a laissé la place à la douceur, le fleuve réuni femmes hommes et enfants et devient un terrain de jeu, un lavoir, une piscine géante, un lieu de prédilection où l'on se lave de la journée, on parle, où l'on exprime sa tendresse.

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Quand la recherche de l'or battait son plein à Gurupa, plusieurs milliers de garimpeiros travaillaient dans les collines des alentours. Une dame du village nous a confié qu'au moins 30 enfants étaient morts pendant cette période, empoisonnés par le mercure qui s'écoulait des mines d'extraction avoisinantes. Il a fallu des années pour que ce petit bras de l'amazone retrouve sa pureté. Par contre la forêt est encore marquée par les séquelles du passé.

João Gualberto Araujo dos Santos

João Gualberto est sans doute le dernier exploitant de taille moyenne de la région. C'était l'un des premiers garimpeiros à venir ici il y a plus de 25 ans. Cette homme prudent a économisé patiemment et a réinvesti tous ses bénéfices dans l'achat de concessions et de machine à extraction.

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La terre vient de la « chupadeira » là-bas, cette drague aspiratrice suce cette terre qui se trouve au fond de la rivière, pour ensuite l'acheminer jusqu’ici. Cette terre arrive trempée dans ce parc, mélangée à de l'eau. Pour qu'elle donne de l'or il faut qu'elle soit sèche. C’est ça le secret.

En moyenne il lui faut en 2 ou 3 jours pour qu'elle sèche. Si nous l'envoyons dans le broyeur humide elle ne donnera pas beaucoup d'or. Plus elle est sèche, plus elle donne de l’or.

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Contrairement aux idées reçues, les rapports entre les chercheurs d'or sont respectueux.

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Ici Il n’y jamais eu de violence. Nous faisons tous un métier difficile ce qui rend tout le monde égal. Ce qui a toujours était très dangereux c'est le transport de l'or. Il fallait parfois l'acheminer dans des endroits isolés, les transporteurs pouvaient alors être attaqués. Mais dans le camp jamais.

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Comme toutes les maisons à Gurupa, la maison de João n'a pas de serrure. Et pourtant il y entrepose tout l'or de la semaine voire parfois du mois entier.

Une exploitation aurifère comme celle de João a un impact limité sur l'environnement. C'est leur multiplication qui pose un problème. Mais rien à voir avec les grosses entreprises. A Brasilia, les procureurs fédéraux veulent empêcher l'autorisation d'une grande mine d'or prévue par Belo Sun Mining Corp, une entreprise minière canadienne, sur le fleuve Xingu en Amazonie.

A l'origine Belo Sun avait l'autorisation d'exploiter 40 millions de tonnes de terre par an, mais leur site web parlait clairement aux investisseurs de la mise en place d'une exploitation minière d'une capacité annuelle de 88 millions de tonnes. Un impact sur la nature déjà catastrophique à l'origine, qui se multiplie par deux avant de commencer : le double de déforestation, de rejet d'arsenic, de cyanure et de plomb nécessaire au fonctionnement d'une mine de cette envergure.

Ce projet appelé "Volta Grande" devrait commencer à fonctionner en 2016 et sera la plus grande mine d'or dans le pays. Il a été possible à cause d'un autre projet très controversé : la centrale hydroélectrique de Belo Monte.

Un chantier démesuré de 660 km2, qui coûte entre 11 et 16 milliards de dollars, où s'échinent 100 000 ouvriers sous-payés. Voilà ce qui va causer la ruine de milliers d'indigènes et submerger une biodiversité inestimable. Les chiffres sont démentiels : 200 millions de mètres cubes de terre et de roche déplacés... Plus encore que pour le Canal du Panama !

Pour l'instant, ce barrage sera en pleine capacité seulement quatre mois dans l'année. Il faudra donc d'autres retenues en amont pour fournir de l'électricité toute l'année. Belo monte n'est donc qu'une étape.

Orlando est né sur les rives du Xingu. Ce pêcheur habite ce petit coin de paradis depuis plus de 30 ans. L'eau lui a toujours donné ce dont il avait besoin. Jusqu'au jour où un géant est venu s'installer sous sa fenêtre. Ce paisible endroit ou le fleuve et la forêt s'étendaient à perte de vue s'est transformé en cauchemar. Le géant a dynamité les roches de la rivière, détruit la forêt, et va maintenant engloutir sa nourriture et son eau.

Orlando de Oliveira Queiroz

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Par exemple, auparavant la quantité  de poissons que je prenais en un jour équivaut aujourd’hui à une quantité que je prends en huit jours. Avant j'arrivai à les vendre aux garimpeiros, mais maintenant tout le monde a fui la région. 

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Lorsque le barrage sera prêt, le niveau du fleuve va beaucoup diminuer, il va perdre beaucoup.

On aura alors de l’eau que dans les puits.  Les poissons vont y entrer, mais l'eau du puit ne sera plus changer alors elle va chauffer. Les poissons vont mourir et empoisonner notre eau. Voilà qu'elle sera le résultat du barrage pour nous.

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Orlando ne mangera ce soir que des fruits et des légumes. La pêche n'a rien donné. Il dormira comme souvent à côté de son fleuve, éclairé par le géant cette une nuit sans lune, une lumière qui lui a tout volé.

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L'impact de ce barrage ne se limitera pas à la disparition d'une partie du rio Xingu et des habitants qui y vivent.

La fondation Imazon a produit de nombreux rapports sur les conséquences de Belo Monte, rapport sont aujourd'hui une référence dans le monde scientifiques.

Adalberto Verissimo

Directeur de Recherche Imazon

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D’une certaine manière, les constructions des usines hydroélectriques aujourd’hui répètent les mêmes erreurs commises dans les années 70 et 80.

Dans l’Amazonie, il s’agit de grands projets sans investissements sociaux préalables, il n’y a pas de projets pour améliorer l’assainissement basique et les systèmes de sécurité, construire des hôpitaux.

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Les villes qui reçoivent ces grands projets ont une onde migratoire désordonnée, emprunte de violence, d’urbanisation chaotique, et, malheureusement, ces projets finissent toujours par aggraver les conflits sociaux existant déjà en Amazonie.

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Le deuxième problème c’est que ces projets causent deux types de déboisement, la déforestation due au barrage, dans le cas de Belo Monte ça fait plus de 600km². Ca ne parait pas très grand par rapport à la surface de l'Amazonie, mais ce n'est qu'un début car il y aura de nombreuses incidences indirectes.

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Entre la création de nombreuses multinationales qui vont profiter de cette manne énergétique dans une région au sous-sol extrêmement riche, l'arrivée en masse de travailleurs qui vont s'engouffrer vers ce nouvel eldorado, la création de pâturages pour nourrir tous ces nouveaux venus, les plus optimistes parlent de 5000 km2 de forêt qui disparaitront à cause de la création de ce barrage. Ce qui semble certain par contre c'est que cette usine hydroélectrique, malgré les protestations  d'une grande partie de la planète, produira ces premiers kilowatts en 2015.

  1. Fleuve autoroute

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Le moyen le plus simple pour se déplacer en Amazonie a été depuis la nuit des temps l’eau. Si les petites rivières restent un moyens de transport sure, le fleuve est dangereux.

Nous sommes maintenant proches de l’océan. Le fleuve est devenu gigantesque on n’aperçoit pas l’autre rive de l’amazone

Ici les intempéries qui peuvent transformer ce paisible géant en une mer déchainée. Les changements sous ce climat tropical sont brutaux. On passe d’un soleil radieux à la tempête en moins d’une demi-heure. Quand une pirogue se fait surprendre par la tempête sur le fleuve, elle ressemble vite à un brin de paille malmené par une rivière déchainée.

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L’Amazone est un axe commercial phénoménal. Les embarcations, grandes et petites n'arrêtent pas, dans un sens et dans l'autre, montant, redescendant, chargées parfois de montagnes de container et remorques de camions. Et puis le transport des passagers ne se fait quasiment que sur l'eau.


Rien que pour l’année 2013 le trafic de transport des passagers a augmenté de 20%.

Pourtant le principal danger de ce réseau de circulation gigantesque reste la piraterie.

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Humberto travaille depuis l’âge de 10 ans sur les bateaux. Il a commencé à la cale des marchandises puis pilote, gérant et enfin propriétaire de sa propre entreprise. Aujourd’hui, ce marin d’eau douce emploie 20 personnes et loue son bateau en attendant de pouvoir s’en acheter un.

Humberto Do Cavalio

Capitaine

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J’ai été volé 2 fois.

La première fois, j’étais près de Belém. C’était 1h du matin. Ils ont tiré des balles avec des armes à feu. Nous n’étions pas armés car le port d’arme nous est interdit. Ils m’ont humilié. C’était moi le pilote. Ils ont mis 2 armes de poing calibre 38 en direction de ma tête ils m’ont demandé d’arrêter l’embarcation. Nous nous sommes arrêtés, nous avons passé 3h sans pouvoir rien faire.

La deuxième fois, tout a commencé au port de Belém. Des bandits sont entrés comme de simples passagers. Une heure après, lorsque nous étions sur le fleuve ils ont pris en otage tous les membres d’équipage. J’étais à bord aussi, bien sûr. Ensuite d’autres embarcations sont arrivées. En tout ils nous ont volés pour 150 000 réais. Ils ont tout pris, toutes les marchandises.

Ils sont arrivés environ 100 personnes sur plusieurs bateaux et ils ont tout pris.

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Humberto n’a jamais pu récupérer cette somme. Les assurances n’ont pas marché. Il pensait à l’époque pouvoir s’acheter son propre bateau mais maintenant il sait que c’est impossible. Il va lui falloir travailler longtemps pour rembourser cette dette.

Entre décembre 2007 et janvier 2008 dix grandes agressions ont été comptabilisés en Amazonie. La situation était devenue si alarmante que la présidence de la république a créé un plan de lutte contre les attaques sur les navires marchands.

  1. Pêche

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Comme tous les matins le petit port de pêche de Gurupa s'éveille à l'aube.

Les pêcheurs appartiennent tous à la même coopérative à laquelle ils vendent leurs poissons.

Depuis ses débuts cette association est gérée d'une main de fer par une femme Sylvia Gonçalves de Alcantara.

Parmi tous les combats qu'elle a mené celui qui opposa la coopérative aux dirigeants de Belo Monte fut sans doute la plus mémorable. Dès le début des travaux le poisson s'est fait plus rare à Gurupa. Après plusieurs essais infructueux pour tenter une négociation à l'amiable, Sylvia a mobilisé tous les pêcheurs et ils sont allé sur le site de construction du barrage.

INTV Sylvia Gonçalves de Alcantara

Présidente de la pêcherie de Gurupa

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On est allé à l’endroit de la construction, et quand on y est presque arrivé, ils nous ont dit que nous ne pouvions pas y rester parce qu’il y avait des explosions de bombes, des morceaux de pierres qui volaient. Ils nous ont demandé de les suivre, on est entré dans la forêt.

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A peine arrivé dans une clairière on s'est aperçu qu'il y avait des voitures de polices et la force nationale qui nous attendaient. Je ne sais pas comment ils ont fait si vite mais ils étaient tous là.

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Nous, les pêcheurs, nous avons commencé doucement. On a dit qu'on ne voulait pas se battre mais discuter. Mais une femme est arrivée. C'était leur négociatrice. Elle nous a parlé comme si nous étions des chiens. Je lui ai répondu que nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des gens, des pêcheurs, que nous avons bon caractère et que nous voulions juste négocier. Ils nous ont répondu que maintenant ce n’était pas possible

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Alors nous avons tranquillement fermé les 2 portails d’entrées des employés qui travaillent pendant la nuit. Et nous avons attendu. Les employés ne pouvaient plus entrer. Les policiers sont arrivés en disant que si nous ne partions pas immédiatement ils allaient nous tirer dessus avec leurs pistolets et des balles en caoutchouc. Nous avons répondu – ça va.

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Nous, on a sorti nos armes, des vraies celle-là et on les a mis en joue. Les policiers se sont donc enfuis.

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Le lendemain matin, la direction du Barrage de Belo Monte a envoyé un autre négociateur et Sylvia  a obtenu deux ans de salaire pour les tous les pêcheurs de la coopérative.

Les responsables du barrage ont affirmé que la disparition du poisson était uniquement due aux travaux. Pour l'instant ce n'est pas le cas.

Benide pêche depuis toujours dans la baie de Gurupa. Pour lui, depuis 4 ans il attrape dans ses filets 5 fois moins de poissons qu'avant.

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Benide et Pietro, amène leur bateau au milieu du fleuve, largue les 1000 mètres de filets et les laisse dériver pendant une heure.

INTV Benide

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Le poisson est en train de disparaitre. Il y a de plus en plus de filets. Il y a au moins mille filets en aval. Alors les poissons ne peuvent plus remonter la rivière jusqu'à nous. On n'en prend que quelques-uns maintenant.

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Les gros poissons sont plus rares. On ne peut pas les pêcher au filet, il faut les prendre à la ligne. Mais les filets c'est impossible car ils passent à travers. Ils arrachent tout.

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Si la pêche commerciale en Amazonie a débuté à l’époque coloniale, la pêche artisanale existe depuis l’apparition des indiens, il y a 8000 ans. Le poisson a toujours été la principale source de protéine des habitants de la forêt.

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En fin de matinée, Benide va vendre son poisson à la coopérative de Gurupa. Il sera stocké dans de la glace avant d'être acheminé à Belém dans quelques jours.

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Il faudra 24 heures de navigation pour que ce bateau rejoigne cette grande ville.

41 04 00

Le port de Belém est l'un des plus importants avec plus de 90 tonne de poissons vendus chaque nuit. La plupart de ces bateaux reviennent après une ou deux semaines de pêche.

Il est trois heures du matin, le marché bas son plein.

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Bien qu’il soit difficile d’avoir une estimation exacte sur l’activité de la pêche dans le bassin amazonien, il y aurait en moyenne 600 bateaux de pêche qui débarqueraient chaque année 200 000 tonnes de poissons dans les villes le long du fleuve. Cette activité génère près de 122 millions d'euros par an et offre 170 000 emplois.

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Au cours des dernières décennies, la pêche commerciale moderne a suivi l’explosion démographique des grandes villes de la région. Elle génère un revenu plus important que l’industrie du bois et pourtant reste dans l’ombre de la législation brésilienne. Ce côté anarchique de ce secteur florissant lui donne un aspect hors du temps. Ici tout se paie en liquidité. Environ 570 000  euros s’échangeront ce soir dans le port de Belém.

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Aucun outil mécanique n’est mis en place pour déplacer ces tonnes de poissons. Ces hommes portent seul un poids de 80 à 110 kilos.

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Dès le lendemain matin ces poissons orneront les assiettes des 2 millions et demi d'habitants qui vivent dans cette métropole.

  1. Egout de Belém

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Crée en 1916, Belém fut la première colonie européenne sur l'Amazone. La ville est située dans la baie de Guajará, à l'embouchure du fleuve. Cette position donne à Belém à la fois une fonction de grand port et une fonction de métropole régionale. Belém est reliée par la route à Brasília et donc au reste du Brésil. C'est la porte d'entrée de l'Amazonie.

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Malheureusement cette métropole arrive en tête d'un triste classement : c'est elle qui possède le plus grand nombre d'égout à ciel ouvert des villes de plus d'un million d'habitants.

Ces grands canaux serpentent à travers la ville avant de se déverser dans le fleuve sans passer par une seule station d'épuration. Cela représente 34 millions de litres d'eau polluée qui s'écoulent tous les jours dans l'Amazone.

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Ismaël Moraes est un avocat spécialisé dans les causes environnementales. Il se bat depuis des années pour assainir l'eau de Belém et se heurte sans arrêt à la bureaucratie et à la corruption de l'administration brésilienne.

Ismaël Moraes

Avocat

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Lorsque la marée monte, l’eau de la baie du Guajará inonde le fleuve Gamá.

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Cette eau contient tous les égouts de Belém, qui ont été acheminés par le Canal du Dock.

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Toute cette eau polluée est récupérée par les tuyaux de captage qui vont se déverser dans les lacs qui alimente la ville en eau potable.

Lorsque la marée baisse, cette une autre rivière toute proche, la rivière do Aurá, qui se jette alors dans le fleuve Gamá. Cette rivière est aussi complètement polluée car elle traverse la plus grande décharge de la région métropolitaine de Belém,  qui existe depuis plusieurs décennies.

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 Le liquide noir au fond de la décharge qu'on appelle lisier se déverse dans cette rivière

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Donc à marée basse, cette eau est captée par le même tuyau qui alimente les lacs d'eau potable de la ville.

Alors, toute l’eau potable fournie à Belém, que la marée soit haute ou basse, est complètement polluée.  En plus le système de traitement des eaux est déficient et n'a pas été réhabilité depuis des années.

Cette eau polluée et mal traité apporte de nombreux problème de santé, des problèmes de peau, et nous avons un taux de mortalité infantile très grand. 

Pour ainsi dire, l'ensemble des produits, tous les déchets humains, les déchets solides et les déchets domestiques de Belém et les eaux usées avec des matières fécales, le lisier, tout ça va dans la région des lacs qui alimentent Belém.


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18 heures du débit de l'Amazone à son embouchure est égale à celui de la seine pendant un an. Ce fleuve est gigantesque. Il est en relation très étroite avec la forêt. Ces deux éléments sont interdépendants.

Adalberto Verissimo

INTV IMASON

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L’eau de l’Amazonie n’est pas entrée dans le coma, elle a des  infections, mais il lui est possible de guérir.

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Elle n’a pas de cancer installé.

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C’est un système complexe comme notre corps,

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le risque qu'encours l'amazone est comparable à notre système artériel.

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Les barrages restent son principal ennemi car ils peuvent interrompre le flux d'une de ces artères. 

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Tout est grandiose dans l’Amazonie et pourtant l’homme s'échine à vouloir la détruire, a abimer le potentiel extraordinaires de cette forêt.

Je peux dire que les fleuves vont bien mais comme ils ne sont pas immortels, on doit faire très attention.

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Je peux dire aussi que la forêt n’est pas atteinte d'une maladie mortelle mais il faut surveiller de près son évolution. On a un taux de déboisement de 19% et le reste de la forêt ne va pas trop bien, il y a des défauts qui concerne le contrôle du bois, les incendies….

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Elle est en mauvais état de santé si on la compare avec le fleuve.

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Comme je vous l'ai dit, la forêt et le fleuve sont très unis. Si l’état de l’un empire, l’état de l’autre empire aussi. La forêt a des infections graves qui ont besoin d’un traitement énergique. Si le taux de déboisement arrivait à 30%, cela provoquerai sa destruction. Il n'y aurait plus d'alternatives. Le processus qui affecterait le climat serrait irréversible.

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D'après Adalberto Verissimo le sort de la forêt et donc celui du fleuve, se décidera avant 2020. Tous les moyens et les solutions pour enrayer la destruction programmée de la forêt sont parfaitement connus. C’est à nous de décider.