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Tomelin











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Tsunami Part 2

Lieu : indonésie
Durée de tournage : 6 mois
Réalisation :Jean Boggio-Pola
Produit : en 2004/2005 par Strawbery Production
Durée :52 mn


II. Banda Ache 2ème partie

1. Introduction

Nous sommes au mois de Juin. Le Tsunami a frappé il y a 6 mois. A Banda Aceh, la vie commence à prendre un court normal. C’est le moment de faire une pause. Toute la crème est venue près de ce pont, a coté de cette mosquée qui est la seule à avoir tenu le choc. Il y a le gouverneur, le chef des armées, le maire de Banda Aceh, les représentants des nations Unis, des ONG. Chacun est venu et congratule son voisin immédiat. « Le travail a été dur, mais regardez on est là, on est content, le travail avance bien, mais oui mais bien sur… ».
Qu’est-ce qu’en pense les autres, ceux que nous avions suivi auparavant, Médecin du monde a-t-il construit son hôpital, les chinois du centre ville ont-ils reçu de l’argent du gouvernement, que sont devenus les enfant de Monsieur Prass et son organisation chapotée par l’Unicef, le gens des baraquement ont-il de l’eau et ceux du village de pécheurs de nouvelles maisons.

2. Reconstruction de la ville

Michèle Lipner Le plan général pour la reconstruction représente un effort de 5 ans. Nous sommes partis du début, et nous désirons nous assurer que nous le faisons correctement, de telle façon que nous allons rebâtir les communautés. Vous ne devez pas seulement juste reconstruire une maison, vous ne devez pas juste reconstruire une route ; vous devez reconstruire les communautés, vous devez reconstruire les infrastructures pour supporter les communautés, vous devez reconstruire des services sociaux qui supportent les communautés, et toutes ces choses doivent aller main dans la main, avec la pleine participation de la communauté. Tous ces efforts ne se font pas en un jour où une semaine, cela prend quelques mois.

Les gros travaux ont commencé. C’était un supermarché tout neuf construit peu de temps avant le tremblement de terre du 26 décembre. 6 mois plus tard, ces enfants font leurs courses.
Enfant 1 Oui, du chocolat, du chocolat.
Question Je vois. Qu’as tu trouvé d’autre?
Enfant 2 Du savon.
Question C’est du savon? Et quoi d’autre ?

Enfant 1 Des jouets
Question Des jouets, et puis ?
Enfant 2 Des vêtements.

Une barge Une barge électrique s’est échouée ici. Les allemands, les français, les américains… ils furent très nombreux à essayer de la faire bouger pour qu’elle regagne la mer. Impossible. Elle est restée immobile. En désespoir de cause le gouvernement indonésien a décidé qu’elle servirait de musée du tsunami, un endroit où se le souviens. Au pied de ce futur monument du souvenir, un photographe qui est né ici expose les photos qu’il a prises quelques jours après le tsunami. Les gens du quartier se rassemble et se rappelle.

Homme 1 D’après leur état physique, ils ont été là au moins pendant deux ou trois jours. C’est à Penayung Banda Aceh, près de la rivière. Ils n’ont mentionné ni la date, ni le jour. C’est dans Bud… Quel endroit c’est? Pourquoi ce n’est pas mentionné !!!
Et ça, où c’est? Ce sont les magasins. Le lieu n’est pas mentionné non
plus.
Cette partie, je sais qu’elle a été enlevée, déplacé vers un autre endroit.
Sur notre place dans la mosquée, il y avait trois cent corps au moins. Ils
n’ont pas été pris jusqu’au cinquième, sixième, et même septième jour.
Question chaque fois qu’il y a un tremblement de terre qu’est-ce vous pensez ?
Homme banane Les gens matérialistes pensent que c’est un problème tectonique remarquable, mais les religieux pensent que c’est un avertissement de Dieu envers les humains. C’est toujours un avertissement de Dieu tout-puissant pour nous faire savoir que quoique nous fassions, Il est là. C’est ma propre croyance.
Autres choses : on est bien sure traumatisé par le désastre, mais si nous ne continuons pas à travailler, alors que mangera t’on pour survivre? Avec les assistances étrangères ? Il y a 133 pays d’après ce que je sais qui nous offre de l’aide, mais où cela va? Nous ne recevons pratiquement rien, pas de quoi vivre, manger ou dormir. Pour nos enfants c’est pareil, ce n’est pas assez. Le gouvernement nous aide pour 15 jours mais un mois dure 30 jours. Le mieux est de ne rien attendre d’eux. Il est certainement préférable de compter sur notre travail et rien d’autre. Si en plus une assistance nous parvient, et bien tant mieux, mais je peux vous dire que ce n’est pas encore arrivé.

Chinois Se débrouiller tout seul… Les chinois l’avaient bien compris. Nous étions stupéfaits. Le temple qui était envahit par le riz et les matériaux de reconstruction étaient redevenus un lieu de prière. On nous a appris que bien des choses avaient changé. Pratiquement tous les commerces chinois avaient ré ouvert, Mr ANYEN, le responsable de la coordination que nous avions rencontré au mois de mars étaient en Malaisie, les chinois avaient tourné la page ; pour eux, le tsunami n’était plus qu’un lointain souvenir.
Nyoman La rue d’à coté était toujours encombré par le même bateau. Nyoman, le coiffeur avait beau nous expliqué qu’il s’était plaint, que personne ne l’écoutait, que sa situation était parfaitement injuste,
nous ne pouvions pas nous empêcher de penser qu’avec une dizaine de personnes la rue pourrait être nettoyé en 48 heures.
Nyoman Oui, six mois sont passés, et je ne peux toujours pas bien faire fonctionner mon salon de coiffure. Personne ne vient. Cet endroit est caché par des ruines et personne ne peut le voir. Avant je gagnais 5 millions de rupiah par an et maintenant je n’arrive même pas à payer le prix de la location du magasin. Le gouvernement ne m’aide pas pour enlever les ruines, peut être qu’ils n’ont pas d’argent ?  

3. UNICEF

Dans le camp de TVRI, les choses avaient bien changé. Pourtant les nombreuses activités mises en place par Pusaka Indonesia fonctionnaient à merveille au mois de mars. A la place une tente, des fillettes qui s’essaient à la danse, des mômes qui s’amusent avec les reste de jeux éducatifs ; pas d’adultes, plus de psychologues, des enfants qui sont livrés à eux même. Juste à coté de la tente nous avons retrouvé Fatima et sa fille CIKITA que nous avions déjà rencontré au mois de mars.
Fatima Il y a une fuite, Monsieur, regardez ça! Mon bébé a été malade à cause
de l’eau de la pluie. Il est encore malade maintenant, il tousse. L’air est sale ici. Alors, je supplie pour que l’on nous fasse sortir de cette tente. 
Il n’y a plus l’UNICEF ici.
Question Alors, comment c’est, il n’y a plus rien?
Fatima Il n’y a plus rien, les enfants deviennent stupides et personne ne s’en
occupe. Quand il y avait l’UNICEF, il y avait des occidentaux qui venaient
les visiter et donner quelque chose. Même seulement avec un ou deux
bonbons de leur part, les enfants étaient heureux et ça leur remontait le
moral. Mais si la situation est comme cela, et nos enfants vont devenir
de plus en plus stupides, monsieur

Question Maintenant tu penses encore au tsunami?
CIKITA Plus maintenant. Je ne pense pas à ça, je ne me rappelle pas comment
c’était.

Question Maintenant que ressens tu, es tu triste?
CIKITA Non, je ne suis pas triste, c’est parti. L’entière triste histoire est partie; je
ne veux plus m’en rappeler davantage.
Homme camp Si nous regardons à la télévision, on a l’impression que tout va bien….
En fait la situation ressemble à ce que vous voyez. Contrairement avec ce qui a été promis à la télévision: les nouvelles maisons n’existent pas. Jusqu’à maintenant, cela fait six mois ou plus, et rien n’a changé. 
Oui, vraiment. C’est le plus gros obstacle. Par exemple les gens qui vivent à Neuhem, il n’y a pas d’eau du tout. Ils ne peuvent pas tous les jours aller à l’extérieur pour chercher de l’eau et  laisser leur famille.
L’eau se trouve à 20 kilomètres, c’est trop loin.
Femme camp 1 Mr. Prass? Si je le connais? Mr. Prass de l’UNICEF?
Question Oui
Femme camp 1 Maintenant je ne sais pas où il est.
Femme camp 2 Il est déjà parti.
Question Il n’y pas d’assistance pour vos enfants ?
Femme camp 2 Pas d’assistance.
Question Vous devez payer l’école ?
Femme camp 2 Oui
Question Il n’y a pas d’aide ?
Femme camp 2 Rien
Question Pourquoi ?
Femme camp 2 Comment le savoir.

Pourquoi Prass est parti abandonnant les enfants du camp ? Nous avons retrouvé sa trace à Medan, la capitale de la province Sumatra Nord, à 600 km de là. Il nous a expliqué que l’UNICEF ne s’était désolidarisé de son organisation, que, du coup, Pusaka Indonesia n’avait plus assez de fond pour fonctionner et qu’elle l’avait rappelé pour qu’il trouve une solution financière.
Prass L’organisation voulait que je rentre à Medan. Je ne pouvais pas leur répondre « non ». Pourtant je me sentais en profonde harmonie avec Banda Aceh, mais ce n’était malheureusement qu’un sentiment personnel. Je n’avais vraiment pas la possibilité de leur dire « il faut que je reste ici »…je ne pouvais pas leur dire cela parce qu’il ne me payait pas pour ça. Bien sur que j’ai aimais ces enfants, je les ai aimé comme s’ils étaient mes propres enfants. Enfant 1 Qu’est ce que tu as vu quand tu courais?



Les deux enfants qui se parlent
Enfant 2 J’ai vu les vagues de la marée arriver.
Hmm…qu’a tu ressentis quand tu as perdu tes parents?
Enfant 1 Triste.
Enfant 2 Es tu traumatisé après ce moment?
Enfant 1 Oui, traumatisé.
Enfant 2 Est-ce que tu as des rêves au sujet de tes parents qui ont déjà disparus?
Enfant 1 Oui…quelques fois…

Titrage
Ecole coranique de Romi 
(Orphelin)

Institutrice Il semble qu’il est encore traumatisé, car depuis qu’il est arrivé il ne peut pas bien faire ses études. Je pense que son intérêt pour apprendre est freiné par son traumatisme, son souvenir est très vivant. Pourtant, il y a quelques changements. Il veut écrire. C’est sa manière d’exprimer le besoin d’être comme les autres.
Quand j’ai demandé si ses parents étaient encore là ou non, il m’a répondu, qu’ils avaient disparu et qu’il était orphelin. Puis, j’ai encore demandé : « si il y avait une personne qui voulait te prendre, tu l’accepterais ? Il répondit, “Madame, il n’y aura personne qui voudra prendre soin d’un enfant de quelqu’un d’autre. Chacun préfère son propre enfant. Personne ne voudra de moi.” J’ai pleuré en entendant sa réponse, vous pouvez lui demander. Il a dit, “Je suis juste seul, mais je voudrais bien, si quelqu’un veut me prendre”. Cependant, j’ai mes propres enfants et ils sont encore à l’école, je ne veux pas les laisser. Je
nez peux qu’espérer que l’UNICEF ne laisse pas tomber cet enfants.

4. Reconstruction d’un village de pécheur.

Nassir Pour moi, le traumatisme a déjà été dépassé. Je pense que la vie doit continuer, et de plus on n’est pas les seuls qui souffrons. Nous devons toujours nous rappeler ça. Pourtant quand les gens me disent, ne pense plus tout le temps à ta famille, à tes enfants, etc.
Cela je suis incapable de le faire.
Je me souviens toujours d’eux.
Parfois mes larmes tombent quand je prie. En me rappelant quand nous étions amoureux l’un de l’autre et que tout allait bien pour la famille. En plus, tous les jours, ma femme était heureuse, elle me montrait constamment un visage souriant, quoiqu’il se passe. C’est pourquoi, je me souviens toujours d’elle. Je me demande, s’il est possible d’avoir quelqu’un comme elle maintenant? Quelqu’un comme mon père ? Et toute la famille que j’ai eue avant? Je ne pense pas. Nous ne pouvons pas trouver quelqu’un pour les remplacer même parmi des millions de personnes. C’est pourquoi je ne peux pas les oublier.

Nasir, comme tous les siens, ne peut pas oublier. Pourtant ce village est un exemple. Tous comme les chinois, ce village se bat. Ils se sont battus pour garder leur terre, ils se sont battus pour alerter l’opinion publique et ils ont été entendus. Une organisation humanitaire a décidé d’employer cette population désœuvrée. Ils ont créé un système intelligent et efficace : les gens de Lampulo sont payés pour nettoyer leur propre rizière. Bien que les étendus que ces gens doivent nettoyer soient gigantesques, ce travail est salutaire.

Imran Nous nettoyons tout ce qui concerne les ressources de l’eau, aussi le bassin. Les tuyaux seront remis en place pour les canalisations du village. Cependant l’eau est bonne et claire.
Là bas, derrière cette montagne, il y a une source, l’eau est claire et fraîche. C’est mieux d’utiliser cette ressource que l’eau qu’on nous livre manuellement. En plus  nous pourrons la distribuer par des tuyaux jusqu’aux maisons. Les gens pourront avoir de l’eau dans leur maison directement au robinet.
Plutôt que de donner de l’argent pour acheter de l’eau tous les jours, il est plus intelligent d’utiliser cet argent pour la construction des tuyaux.

Chaque jour, on emploie à peu près 100 personnes ou plus. Par conséquent tous les gens de Lampuuk ont du travail, bien qu’ils doivent le faire à tour de rôle, suivant ce qu’il y a à accomplir. Chacun travaille à son tour. Pour un jour une personne est payée 37500 rupiahs.
Chacun travaille à son tour. Grâce à cette activité les gens gagnent de l’argent et perdent leur stress car depuis qu’ils ont des choses à faire,  ils ne restent plus abasourdis et assis à la même place.
Question Combien de femmes travaillent?
Homme rizière 49 personnes par groupe.
Question Aiment-elles ce travail?
Homme rizière Oui, elles l’aiment.
Question Pour restaurer cette terre, comme avant?
Homme rizière Oui, pour la restaurer; et si l’organisation veut encore nous aider nous serions heureux de continuer ce travail.
Question Les gens sont tous un peu triste ?

Homme rizière Oui, nous sommes tous dans la peine. Et reconnaissants, que nous ayons pu avoir ce travail. Autrement, nous serions abasourdis, parce que
beaucoup d’entre nous, ont vu cette eau terrible et ont été traumatisés.
Question Il ne reste plus beaucoup de femmes maintenant. N’est ce pas?
Femme rizière1 Non plus beaucoup.
Question C’est intéressant de voir les femmes travailler. Le travail n’est pas trop
dur ?
Homme rizière Elles n’ont rien à faire.
Femme rizière1 Tu peux parler toi, tu ne fais que surveiller
Femme rizière2 Assis tout le temps à fumer…
Question Nous avons parlé avec quelques hommes. Ils disent qu’ils n’ont plus de
femmes.
Femme rizière2 Oui, après le tsunami
Question C’était triste.
Femme rizière2 Oui
Question Une chance que les femmes d’ici sont ; beaucoup d’entre elles ont eu la vie sauve.
Homme rizière Il y a une colline ici.
Homme rizière Oui, là bas!
Femme rizière1 On l’a appelée « la tombe du tsunami ».
Question Combien on vous paye par jour?
Femme rizière2 35 000 rupiahs
Homme rizière Juste après le travail, nous sommes tellement fatigués que nous allons tout droit à la maison donc on se rappelle de rien.

Un peu plus loin dans le village de Lampulo il y a un conseil d’administration sous l’un des seuls arbres qui ait résisté au tsunami.

Question Vous essayez de contacter qui?
Homme1 Le comptable. 
Question Qui est-il?
Homme1 Dulsurah, il habite dans le village voisin.
Question Que ferez-vous avec lui, lui donner de l’argent?
Homme1 De l’argent cash pour le projet, pour payer ceux qui nettoient cette zone.
Question Si les gens ne travaillent pas, que se passe-t-il?
Homme1 Naturellement ils doivent travailler. Ceux qui ne travaillent pas ne seront pas payés.
Question Mais ils sont victimes, ils ont besoin d’assistance.
Homme1 Oui, mais ils ne sont pas obligés de travailler dur, juste avoir des
activités ensemble et rencontrer les autres. Il faut les motiver pour qu’ils
ne restent pas seuls, tristes, démunis. S’ils restent juste assis, ils se rappelleront toujours du passé, et seront triste.
Imran Il est le chef du groupe du village de Massa Bukit. Il y a trois villages
autour d’ici, Masah Baleh, Masalam Baru and Masah Bukit. Il coordonne
tous les gens de Masah Bukit et les supervise. Nous lui donnons l’argent
pour qu’il le redistribue aux autres. Nous avons confiance en lui aussi.
Les gens de son quartier aussi car il a été élu.
Ici c’est sure… même avec tout cette argent on n’a pas besoin de service
de sécurité.
Question D’où vient cet argent?
Imran D’une branche de SAVE.
Question Ils donnent l’argent chaque semaine?
Homme1 Oui, chaque semaine.
Lorsque je suis assis et avec du monde comme ça, c’est OK pour moi. Mais quand je suis seul, je ne peux pas résister. C’est trop triste. Plus tard quand les débris auront été déplacés, peut être que nous pourrons ’oublier. Pas de traces laissées et tout change. J’ai l’impression que ça vient juste de se passer hier. Je ne peux pas me l’enlever de la mémoire.


Michèle Lipner


Je ne connais pas les plus récentes statistiques, je sais que ça monterait approximativement autour de six billions de dollars, mais rappelons-nous, que ça, c’est seulement, ce qui a été donné par les gouvernements donneurs, organisations bilatérales et multilatérales. Vous devez aussi voir, qu’il y a un incroyable montant d’argent venant des citoyens privés, qui donnent directement à travers les ONG ou les autres groupes, donc ces sommes sont un plus pour les victimes indonésiennes du tsunami.

6. MDM 

Donc les sommes investies par Médecin du monde ne sont donc pris en compte dans les 6 milliards de dollars dont parle Michèle Liptner. Nous pouvons aisément penser que Banda Aceh a reçu en tout une somme supérieur à 7 milliards de dollars, soit 25% du PIB de l'Indonésie ; de quoi attirer la convoitise de beaucoup…
MDM est arrivé quelques jours après la catastrophe. Cela fait donc 6 mois qu’ils travaillent ici et l’hôpital n’est toujours pas construit. Ils n’ont pas encore de feu vert définitif. Pourtant tous les papiers sont en règles. Tout le monde parle en coulisse de ce futur hôpital qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et beaucoup d’effort de la part de tout le staff MDM. N’oublions pas que la politique de la maison est la transparence, ils ont su résister à toutes les tentatives de corruption. Il est surprenant, voir navrant, de voir que le gouvernement indonésien ne facilite pas la tache de ce qui veulent investir du temps et de la compétence pour le bien être présent et futur de leur population. En attendant que ces messieurs de la politique face leur travail, Médecin du Monde continue son action humanitaire. Aujourd’hui une partie de son personnel va se déplacer vers un village situé à 50 kilomètres de Banda Aceh.  Ces survivants du tsunami ont fuit le bord de mer. Ils ont trouvé refuge dans ce village situé en hauteur.

7. Les baraquements

La vie au baraquement s’est ancrée dans la routine. Comme tous les matins Cutelem chassent les derniers fantômes de la nuit avant d’aller travailler, les femmes nettoient et font à manger, l’eau sent toujours mauvais et ne fonctionne pratiquement jamais. Pourtant quelque chose à changer au camp. Quelque chose d’imperceptible, de plus léger qu’avant, une bonne humeur qui pointe son nez, le deuil fait son chemin.
Femme1 Bien vous allez tout comprendre : aujourd’hui nous avons besoin
d’argent pour les légumes, demain pour le poisson, après demain pour la
viande, et dimanche vous savez pour quoi? Pour les gâteaux. Faut dire à
tout le monde de nous donner des gâteaux.
Question Vous n’avez pas d’argent ici?
Femme1 A part l’argent que vous allez nous donner rien. Alors, l’argent c’est pour demain ? Ici ? OK?
Femme2 OK, ça va arrête, stop.
Cutelem En fait je repère ou se trouvent les gros engins et je leur demande de
me préparer le terrain.
Voilà ce que je fais tous les jours, retirer l’acier du béton pour le revendre ensuite. Un kilo se vend 700 rupiahs. En une journée je peux gagner jusqu ‘à 100 000 rupiah.
Question Où tu le vends ?
Cutelem Il y a des acheteurs prés de la ville.
Question Il l’utilise pour la reconstruction ?
Cutelem Oui
Question Où était ta maison ?
Cutelem Ma maison était à 50 mètres de la mosquée.
Question Tu as travaillé là-bas ?

Cutelem Pas encore. Juste l’allée à coté de ma maison.
Question Tu as des lieux de travail précis ?
Cutelem Non il n’y a pas d’emploi du temps prévu.

Safarni, 17 ans surfait le dimanche 26 décembre 2004. Il s’en est sorti par miracle. 6 mois plus tard, il a trouvé un petit travail : restaurer ces maisons que les eaux ont abîmés. Si le jeune SAFARNI s’en est bien sorti, son père lui, n’a jamais pu oublier le tsunami. Il reste terré chez lui, volet clos, ne parlant à personne et les 6 mois passé dans le noir n’ont rien changé à son abattement.
Cet adolescent de 17 ans est devenu le chef de famille. C’est lui qui ramène de quoi nourrir ses parents et le petit dernier. Ces 7 frères et sœurs ont disparu.

Safarni J’ai presque fini, peut être deux jours, aujourd’hui et demain.
Question Et puis après?
Safarni Plus de travail.
Question Vous devrez rechercher à nouveau?
Safarni Oui, chercher partout encore.
Question Que pensez-vous à propos de votre vie maintenant, de votre futur?
Safarni Ce sera mieux qu’avant. Auparavant c’était plus difficile de gagner de  l’argent, pour un jour on avait seulement vingt ou dix milles rupiah. Je gagne assez pour toute ma famille. Maintenant, je peux mettre un peu d’argent de côté pour moi-même.
Question Vous aimeriez revenir au village? Reconstruire la maison? Faire un autre travail?
Safarni Oui, espérons-le. Je reviendrai quand la maison sera reconstruite. Aussi,
pour trouver un nouveau travail sur la plage, quand toutes les choses seront redevenues normales, les cafés auront été reconstruits. Peut être que je pourrais travailler là.

8. UNICEF

Jeune poète Un jour, Par un beau matin Le doux sourire de ma mère me salut Avec une suite de mots plein de sens “Mon fils…mon fils…”
Ensemble avec les débris, le bois et les vagues Ils ont disparus…silencieux…calme…

Déstabilisé par l’abandon de l’UNICEF Pusaka Indonesia s’est donc retrouvé cloîtré dans une maison ou il n’a pas grand-chose à faire. Un ordinateur, vestige de la grande époque, des pièces vides, un orphelin qui ne sais plus ou aller et qui dort ici. Plus rien à voir avec le dynamisme du mois de mars. Quelques éducateurs tentent malgré tout de faire leur travail.
Siti Je suis ici comme psychologue coordinateur, depuis que je suis arrivée
en février.
Les adolescents ont des activités comme la lecture du Coran, travaux manuel, quelques techniques basiques. Nous les guidons pour faire tout ça.
Jeune poète
Un jour…
En ce beau matin,
Le doux sourire de ma mère me salut,
avec une suite de mots pleins de sens,
“Mon fils…mon fils…”, ma mère appelle.
Siti La mère pendant qu’elle sourit
“Mon fils…mon fils…”
Jeune poète “Mon fils…”
Siti Pas comme ça, utilise ta voix naturelle !
Homme1 Où est ta voix naturelle ?
En disant “Ils ont disparu…” tu peux être ici, “silencieux…”  tu peux être
là, et “Calmes” là bas.
Pourquoi est-tu vous debout là? Tu l’oublies.

Aujourd’hui c’est vendredi ; le jour de la prière et du repos. A la demande des familles du camp de Neuhem,  Siti, l’une des seules éducatrices restées dans Pusaka, participe à l’animation du nouveau camp.

Siti À mon sens il n’y a pas de différence entre la vie dans les tentes et celle dans les baraques, spécialement ici à Neuhem. Autrefois dans les camps de TVRI, l’équipement pour l’eau était bien conçu. Il y avait en plus, beaucoup d’assistances logistiques. Et puis on leur a dit qu’ils allaient partir pour un meilleur endroit. Mais c’est faut parce que les baraque ici à Neuhem n’ont pas d’équipement pour l’eau, il n’y avait pas d’assistance pour l’approvisionnement. De plus, ici Neuheun le manque d’eau génère de gros problèmes. Un exemple frappant, dans cet environnement, est que les gens ont souvent des conflits liés à l’eau. Les enfants, à cause du manque d’eau, sont infectés par des petits insectes comme la gale. C’est une maladie de la peau.
Femme2  L’eau c’est le principal problème, c’est difficile. Elle est seulement
disponible en étant distribuée par OSPAM, le centre Islamique, et KARDI.
Siti Quels sont les autres problèmes liés à l’eau, Madame ?
Femme2 Les WC sont en mauvais état et les cuisines restent sales. L’intérieur des pièces est poussiéreux, à cause du vent qui est si fort en ce moment. Ce n’est pas bon, spécialement pour les enfants.
Siti Les toilettes ne sont pas stérilisées, ils sont extrêmement sales. L’eau du
bassin est vide. Et ici, vous pouvez voir par vous même ce toilette. Il est très sale et sent mauvais. Tout ça n’est pas bon pour l’environnement.
Je ne sais pas où va l’argent jusqu’à maintenant, où est-ce qu’il arrive, comment il est utilisé et pour qui, et où il est utilisé. Jusqu’à maintenant personne ne le sait.
Femme2 Ici, quand la pluie tombe, et l’eau de la fosse septique déborde et inonde tout. Notre environnement devient malsain et peut être la cause de maladies.

7 milliards de dollars d’aide pour Banda Aceh. Impossible de trouver immédiatement 500 dollars pour que les 450 personnes hommes,
femmes, enfants, vieillards du camp de Neuhem puissent avoir de
l’eau. Surprenant n’est-ce pas !
Cette ineptie n’empêche pas Siti de continuer son travail.

Siti J’essaye d’expliquer aux enfants la non violence. Par exemple, en leur apprenant la danse. Quand nous dansons, on apprend la souplesse, mais c’est un paradoxe, parce que mes enfants ne connaissent que la colère pour exprimer une l’émotion et c’est dur de leur apprendre qu’il existe d’autres sentiments. Cela, c’est un phénomène culturel l’éducation ici, est dure. On n’apprend pas en douceur. Nous devons changer ça. C’est seulement, quand ils sont battus à coups de bâtons, qu’ils pensent que l’on fait attention à eux. La nuit dernière pour les adolescents, c’était pareil. Ils disaient, “Nous préférons être enseigné d’une façon plus stricte, Soeur”. Je leur ai dit “Ce n’est pas bon pour vous. Cela veut dire, qu’après avoir subit une action violente, vous répondrez avec une réaction de violence dans votre personnalité plus tard.”  Ils m’ont répondu : “Mais, autrement nous ne pouvons pas nous concentrer”.
Les baraques sont mal conçues pour les parents, pour leur besoin basique comme le sexe par exemple. Si la relation amoureuse est mal canalisée, difficile à vivre, l’homme peut être déstabilisé dans ces émotions. Comment cela peut-il se passer dans une baraque sans pièce séparée, où la mère, le père et les enfants, tous ensembles, dorment dans le même lit? Ce n’est pas bon. Les implications sont néfastes comme les nombreux cas d’incestes qui m’ont été rapportés.
Jeune poète Il n’y a pas de frontière entre moi et mes amis Entre toi et moi Entre toi et eux C’est mon monde, c’est mon espoir Ensemble avec les débris, les bois et les vagues Ils ont disparu…silencieux…calmes… Un jour, Je suis debout dans un nouveau lieu Et je regarde les nouveaux visages Des visages que je n’ai jamais connus avant
Et vous êtes mes connaissances, amis, copains
Levons nous! Debout! Debout!
Réveillons notre esprit, nos pas,
Ensemble vers l’espérance
Mon Aceh, mon Aceh, mon Aceh!

9. Les baraquements

Cutelem a fini sa journée. La nuit envahit lentement le camp. Comme tous les soirs les réfugiés se réunissent dans cette mosquée. Les pensées se calment, les frayeurs se taisent, la religion prend le pas et remplit sa fonction, réparer les âmes, donner de la force, croire encore au futur, accepter cette vie, peut-être un opium nécessaire, ici, à Banda Aceh.

Homme 1 À réellement oublier, pas encore, j’y pense encore. Lorsque nous
sommes tous ensemble, comme ça, nous pouvons un peu oublier. Mais
quand nous sommes assis seul, nous nous rappelons certainement de la
tragédie.
Cutelem On y pense, mais pas en relation avec le tsunami, c’est à propos…
Homme 2 C’est le mieux, la chose la plus importante!
Question C’est sûrement un problème, comment vous arrangez-vous avec ça?
Homme 2 Nous n’avons aucune chance.
Homme 1 Peut-être quand nous serons là bas, nous pourrons rencontrer des
femmes des villages environnants et nous pourrons nous marier. 

10. Reconstruction d’un village de pécheur.

C’est une grande journée pour Imran Abdula. Une association humanitaire « Triangle GH » a décidé de fabriquer de nouveaux bateaux pour les gens du village de Lampuuk. Imran va voir son futur bateau ; une porte ouverte sur l’avenir.
Imran
Je suis satisfait par l’aptitude du bateau. C’est peut être parce que le bois est aussi de bonne qualité. Je n’ai jamais vu un bois aussi parfait. En plus la fabrication est contrôlée par de bons techniciens. J’ai confiance en eux. Il a un moteur de 40 chevaux. Avant l’arbre à came faisait 15 mètres de long, maintenant elle fait 5 mètres de moins. La coque du bateau est longue et effilée, et même si le moteur est plus petit ces bateaux devraient être beaucoup plus malléables dans les vagues. Un bateau plus court n’a pas la stabilité nécessaire pour traverser correctement la première vague. Les autres vagues finiront par le déstabiliser et il sera submergé. Ces bateaux sont plus longs donc plus stable et pourront traverser la barrière de corail facilement.
Imran Il avait beaucoup de cabanes par d’ici. Cet endroit était la place des loisirs. Du bout jusqu’à la fin, c’était tous des endroits de loisirs. Il y avait beaucoup de cabanes qui vendaient du poisson grillé. Il y avait beaucoup d’arbres, des pins surtout.

11. Conclusion

7 mois après le tsunami, la tragédie n’est pas oubliée, mais les pêcheurs de Lampuuk ont appris à faire avec.  Un autre drame s’est pour l’instant installé à Banda Aceh. Il est clair que ceux qui pouvaient s’en sortir tout seul, on reprit une vie à peu prés normale. Les autres, ceux qui avaient besoin de l’argent que le monde leur avait envoyé, les enfants de Pusaka, les rescapés qui se sont retrouvé dans des baraquements insalubres, tout cela et tous les autres ont vu leur espoir déçus. Les enjeux économiques de Banda Aceh sont maintenant connus de tout le monde : richesse du sous sol (gaz, pétrole minéraux), richesses touristiques dans le futur… tout cela ne devrait pas du nuire à la reconstruction de la région bien au contraire. Les contradictions que nous avons rencontrées pendant ces 7 mois passé à Banda Aceh viennent d’un seul fait «  la corruption ». Si la corruption étaient moins présente, les baraquements auraient été
mieux conçu, l’eau si précieuse dans ces pays chaud coulerai à flot, les enfants de Pusaka Indonésia continuerait d’étudier dans des conditions normales.
On a beau savoir que l’Indonésie est l’un des états les plus corrompus au monde, on ne pouvait pas s’empêcher d’espérer que ce drame change quelque peu la face des choses. Et bien non.
En attendant nos amis de Lampuuk s’en vont vers le large pour gagner noblement leur vie. Ils pêcheront sans danger dans le futur. Les scientifiques sont unanimes.

Il ne devrait plus y avoir de tsunami à Banda Aceh.