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LES POISONS DE BANGKOK

Un film de Jean Boggio Pola


COMMENTAIRE




00 07

Bangkok, une mégapole qui s’étend à l’infini, l’une des plus grandes villes du monde, une cité qui ne dort jamais…


00 17

A la fin du XIXème siècle, Bangkok comptait 350 000 habitants. Aujourd’hui, 18 millions de personnes vivent dans cette capitale extravagante et sa province. Les animaux qui habitaient jadis les jungles et les campagnes environnantes ont dû s’adapter ou périr. Beaucoup d’entre eux se sont réfugiés dans le ventre de la cité, prenant possession de ces milliers de kilomètres de tuyaux et de souterrains qui parcourent la ville, et qui transforment en véritable labyrinthe les sous-sols de Bangkok.

Au cœur de cette cité invisible se cachent deux types de familles d’animaux : ceux qui fabriquent du poison et ceux qui n’en fabriquent pas. Nous allons nous intéresser à tous ceux qui créent des toxiques, à ces animaux qui ont su s’accommoder des délires des hommes, dans cet univers surchauffé et pollué, qui sont là, enfouis la plupart du temps dans les canalisations, dans le secret des recoins et des fosses mais qui parfois, de jour ou de nuit, se glissent entre deux draps, recherchent la fraicheur d’une salle de bains, se mettent à l’abri dans une chaussure et qui, dans la grande majorité des cas, injectent leur venin par peur, et qu’on tue par reflexe, conditionné par cette même peur.

Les hommes et les femmes de cette ville redoutent ces animaux. Certaines d’entre elles ont suffisamment de venin pour tuer un éléphant.


01 39

L’une des plus dangereuses créatures de la Thaïlande s’est glissée dans une maison, cherchant refuge dans un coin sombre pour attendre la nuit et partir en chasse.


02 25

Si ce cobra est venu s’installer chez les humains ce n’est pas de gaité de cœur. Généralement les reptiles fuient les hommes et leur vacarme. Mais aujourd’hui la fuite est impossible et il leur faut s’adapter ou disparaître.

En Thaïlande, le couvert forestier ne représente plus que 20 % du territoire (contre 60 % il y a 50 ans). Par le biais du Département royal des forêts, le gouvernement a créé des parcs nationaux dans l’espoir de limiter la déforestation. Mais le mal est fait.

Face à l’invasion de leur territoire par les humains, les serpents ont migré sur les routes, les chemins, dans les villages et les maisons en quête d’espace et de nourriture.


03 06

Malgré la frayeur qu’ils engendrent, les reptiles remplissent une fonction environnementale déterminante. Comme tous les prédateurs, ils contribuent à l’équilibre des espèces. En particulier, en leur absence, les rongeurs prolifèreraient et sortiraient des égouts pour envahir la ville. Rats et souris deviendraient une menace plus dangereuse que celle des reptiles.


03 27

Les serpents devraient, si nous savions surmonter nos phobies, susciter notre admiration. Leur mode de locomotion, à lui seul, constitue un miracle de l’évolution. La reptation leur permet de se déplacer efficacement sans jambes ni bras.

En fait le serpent forme des « s » avec son corps, ancre ses écailles dans le sol et se propulse en avant.

La propulsion est assurée par des muscles puissants, fixé sur le squelette. Les nombreuses vertèbres du reptile forment une colonne vertébrale souple et assez solide pour résister à la traction imposée par les muscles. Il y a une paire de côtes rattachée à chaque vertèbre cervicale ou dorsale, mais il n'y en a pas sur les vertèbres de la queue. Les côtes ne se rejoignent pas le long du ventre. Au contraire, elles s'écartent quand le serpent avale une grosse proie.

Sa vitesse se situe en général autour de 6 km/h.


05 14

En quête d’un nouveau territoire, beaucoup de serpents d’Asie ont été massacrés. Cependant, certains ont réussi. Ils ont trouvé leur Eldorado, leur terre promise, un endroit immense et chaud, aux ramifications infinies, un gigantesque terrier plein de nourriture : les sous-sols d’une mégapole.


05 49

Avec ces avenues surchargées qui côtoient des ruelles calmes et quasi provinciales, ces marchés, ces canalisations et ces sous-sols débordant de rats, Bangkok a été envahie par les serpents.

Les varans témoignent de cette faculté d’adaptation des reptiles dans ces cités asiatiques. Le parc de Lumpini, en plein centre de la ville, est devenu leur territoire.


06 18

Il y a tellement de serpent dans Bangkok que le gouvernement a mis en place un numéro spécial, le 199, pour toutes les urgences concernant les reptiles. En 2009, 2 935 appels ont été enregistrés et 2 744 serpents ont été capturés dans la ville. Malgré ces captures, le nombre de serpents augmente chaque année.


06 45

En octobre 2011, un tiers de la Thaïlande fut noyé. Bangkok, située dans une plaine à deux mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, ne put échapper à  l’inondation.  Les animaux trouvèrent refuge dans les maisons. Quelques mois plus tard, même si la situation s’était améliorée, les eaux étaient encore hautes et des animaux peu recommandables hantaient toujours certaines maisons de la capitale.


07 17

C’est alors que Mr Sompo devint une star internationale. Personnage modeste et courtois, il exerce la charge peu courante de chasseur de serpents officiel. Fonctionnaire au Ministère de la Marine, le quinquagénaire est détaché de ses fonctions, en cas de crise, pour venir en aide aux citadins qui trouvent des serpents chez eux. A force d’avoir été mordu par des serpents, l’organisme de Sompo s’est accoutumé au venin. Il a développé des anticorps. Son corps, comme on dit, s’est « mithridatisé ».


08 11

Ce samedi matin, l’appel concerne une personne habite dans un quartier ravagé par les inondations du mois d’octobre. Cette catastrophe d’une ampleur sans précédent a tué plus de 650 personnes et affecté plus de cinq millions de personnes. Le coût des dégâts dépasse les 27 milliards d’euro.

Jadis calme et verdoyant, ce lotissement est devenu un dépotoir déserté par les hommes et envahi par les mygales, scorpions, scolopendres et serpents de tous genres.


08 47

Le propriétaire de la maison a vu un serpent devant sa porte il y a deux jours. Il affirme que le reptile était un cobra d’environ 1 mètre 50.


09 00

Sompo et son fils vont tout d’abord fouiller la maison. Le serpent peut se cacher n’importe où, et risque de frapper pour se défendre. Les moindres recoins de chaque pièce sont explorés. Sompo fait exprès de faire du bruit : le reptile alerté cherchera à fuir, au lieu d’attaquer. Le véritable danger serait de surprendre l’animal, qui mordrait par réflexe. Sompo et son fils vaporisent ensuite un pesticide suffisamment puissant pour tuer les insectes venus se réfugier dans la demeure et surtout faire fuir les serpents. Le cobra demeure introuvable. C’est le signe qu’il a décampé. S’il était encore là, Sompo l’aurait déniché. Rassuré, le propriétaire pourra ranger tranquillement sa maison. Le pesticide repoussera tous les animaux pendant dix jours. L’homme aura le temps d’assainir sa demeure afin d’éviter qu’elle n’attire des hôtes indésirables.


09 59

Un autre appel : cette fois ci c’est un monastère du centre-ville qui a besoin des services de Sompo. Ce matin le jardinier a repéré un serpent assez gros, dans un conduit d’évacuation des eaux.


11 02

Le serpent a filé dans la tuyauterie. Il faut bloquer les issues par lesquelles il pourrait s’en évader.


11 14

Pendant ce temps, les moines s’organisent. Ils retirent toutes les trappes  des canalisations qui longent la pelouse.


11 33

Ce jeune garçon regarde dans le trou pour voir si le serpent n’est pas près de la sortie.


11 42

Il n’y est pas tant mieux. L’animal est donc coincé en amont.


11 54

Tout est en place. Des voisins sont venus aider les moines à se tirer de ce mauvais pas. On noie les évacuations pour obliger le serpent à sortir. Tout n’est plus qu’une question de patience.


12 39

Cette fois, c’est sûr, le serpent est juste là, entre les deux regards et refuse de bouger. Les spectateurs n’hésitent pourtant pas à mettre les mains dans l’eau. Est-ce bien raisonnable ?


14 00

Dans quelques jours, Sompo relâchera ce python dans la nature sauvage. Il ne fait pas la même chose quand il capture des serpents venimeux. Il les destine automatiquement au centre des serpents de la Croix Rouge.


14 17

En plein cœur de la ville, ce centre de la Croix Rouge est un vivier de reptiles venimeux. Son but : produire des antidotes. Créée en 1923 à l'initiative de la reine Sawang Vadhana, alors présidente de la Croix Rouge thaïlandaise, ce centre d'élevage de reptiles abrite aujourd’hui plus de 3000 serpents venimeux.

Tous les jours, les serpents capturés en ville y sont amenés. Certains, comme ce python dépourvu de venin, sont réexpédiés vers un autre établissement, à la périphérie de Bangkok. Ce centre ne garde que les serpents venimeux, comme cette vipère verte, très dangereuse en dépit de sa petite taille.

Un autre arrivant mobilise Taska, le vétérinaire responsable du centre. Ce cobra a été capturé en pleine ville. Malgré les liens qui l’entravent, Taska manipule ce serpent avec prudence. Sa main droite témoigne d’un instant d’inattention qui a failli lui coûter la vie.


15 22         

TAKSA VASARUCHAPONG : À cette époque, j’examinais un cobra cracheur qui était malade. Il était en mue et n’arrivait pas à se débarrasser de sa peau morte. J’ai essayé de l’aider. Mais soudain, pendant que je retirais sa peau, il s’est retourné et m’a mordu un doigt de la main droite. La chair a été nécrosée sur toute la surface. Le docteur a été obligé d’enlever toute la chair morte de cette main, de prélever de la peau et même des vaisseaux sanguin de mon bras pour les greffer sur la main attaquée.


16 29

Quand ils arrivent au centre, les serpents sont neutralisés par une attache autour du cou.


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TAKSA VASARUCHAPONG : C’est leur méthode pour attraper les cobras.


16 35

Il arrive parfois que la corde soit trop serrée…


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TAKSA VASARUCHAPONG : Il ne peut plus déglutir, et cela bloque la circulation de son sang.


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Le vétérinaire doit rétablir la circulation…


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TAKSA VASARUCHAPONG : Le fait de desserrer la corde va déjà lui faire du bien.



16 57

TAKSA VASARUCHAPONG : On trouve souvent des serpents dans la ville. Beaucoup vivent dans les souterrains. Ils se nourrissent de rats et parfois de grenouilles. Très souvent, des citadins nous amènent des serpents venimeux ou non venimeux. Ils nous apportent des serpents tous les jours : des cobras, des pythons et des vipères. Les serpents peuvent pondre jusqu’à seize œufs par couvée… la population de serpents augmente chaque année à Bangkok.


17 40

La Thaïlande abrite plus de 180 espèces de serpents sur son sol, dont 56 venimeuses. On comprend la nécessité d'étudier ici ces reptiles et de mettre en place une structure de recherche capable d'élaborer des préparations antivenimeuses.

Ce bâtiment de quatre étages a été rénové en 1990 : plus de plus 6000 m² flambant neuf pour ces serpents venimeux, dont deux premiers étages sont réservés au public, et les deux derniers à l’élevage et à la traite du venin.


18 14

S’occuper de tous ces serpents n’est pas une mince affaire. Le personnel, hautement qualifié, travaille au bien-être des pensionnaires avec calme et prévenance.

Aujourd’hui, c'est un grand jour pour les cobras : le jour du bain.

Chaque geste est maitrisé, chaque seconde avec l’animal requiert une attention soutenue. Le soigneur connait ce reptile, il anticipe toujours sa réaction, souvent défensive.

Il faut posséder un savoir sans faille pour nettoyer l’espace de ces cobras.


Les cages sont nettoyées une à deux fois par semaines. Le soigneur ne doit jamais perdre de vue, même dans la répétition quotidienne du même exercice, que le serpent peut frapper à n’importe quel moment.

La toxicité du venin d’un cobra, mesurée sur des souris et extrapolée au poids d'un pachyderme, permet de supposer qu'une morsure complète peut décharger assez de venin pour tuer un éléphant.

La quantité de venin injectée varie selon le type de morsure. Lorsqu'un serpent mord pour se défendre, il ne libère qu'une faible quantité de venin. En revanche, quand il est affamé ou que la fuite lui est impossible, il lui arrive de faire « saisie », c'est-à-dire de ne pas lâcher sa proie. Il exécute alors des mouvements masticatoires ininterrompus afin d'injecter le venin en profondeur et en masse, jusqu'à la mort complète de la proie.

Les soigneurs savent tout cela. Depuis l’ouverture de ce centre, aucun accident n’a été a déploré.


19 51

Si les soigneurs devaient nourrir leurs 3000 pensionnaires tous les jours cela serait mission impossible. Heureusement, les serpents ne mangent pour la plupart qu’une fois par semaine. Aujourd’hui c’est le jour des cobras. On commence, comme il se doit, par le royal. Il a le privilège de recevoir des grenouilles pour son repas hebdomadaire.

Son voisin de même lignée, le Naja Kaouthia a un régime plus ordinaire : de petites souris. On lui en donne cinq et on referme la boite. Ce cobra mangera quand il en aura envie. Généralement la faim le tenaille et la frappe est rapide.


20 36

Celui-ci va mordre les deux souris en un seul lancer. La première, qui a été mordu, va mourir en quelques secondes. L’autre mettra une minute à rendre l’âme. Ainsi l’a voulu le cobra, qui maitrise parfaitement la quantité de venin injecté à chaque morsure.


21 07

La démarche de la deuxième souris devient hésitante, le venin fait son chemin. La paralysie la gagne et fini par la terrasser.


21 20

Le processus d'ingestion et de digestion du cobra va lui demander un effort considérable. À peine commence-t-il à avaler sa proie qu'il se met à respirer profondément. Le cœur et les poumons fonctionnent à plein régime. Lors de la digestion, le serpent a besoin d'un apport en oxygène quarante fois supérieur à la normale. Un cheval au grand galop est également capable d'une telle performance, mais pendant quelques minutes seulement. Le cobra, lui, tient plusieurs heures.

 

21 51

C’est la même chose pour cette vipère qui se prépare pour une détente affamée. L’attaque est précise, extrêmement rapide.


22 09

La détente du serpent, puis sa digestion, exigent qu’il puisse modifier son métabolisme cardiaque en quelques minutes seulement. Cette capacité exceptionnelle est permise par l’augmentation subite de myosine, une protéine des cellules cardiaques. Ce processus permet d’étudier pourquoi on détecte parfois une hypertrophie du cœur chez certains grands athlètes. Chez eux, elle met un temps extrêmement long à apparaître. Chez le serpent, elle est quasi instantanée.


Ce cobra ne semble pas affamé. Il  se contente d’intimider ses adversaires en espérant les faire fuir. Le cobra ne tue que pour se nourrir.


Parfois le serpent ne plante pas ses crochets dans la chair de la souris. Celle-ci a, du moins en pleine nature, une petite chance de s’échapper. Elle tente de mordre le serpent pour lui faire lâcher prise. Les morsures du petit mammifère sont parfois fatales pour les reptiles car l’infection peut transformer la blessure en abcès. Dans ce cas le docteur Taska doit intervenir.


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Cette vipère verte a été mordue par une souris qu’elle essayait d’avaler. La blessure s’est infectée. Il faut que Taska s’entoure de deux assistants pour opérer ce serpent. Malgré sa petite taille, il reste dangereux.


24 07

TAKSA VASARUCHAPONG : Mon souci est de soulager la pression à l’intérieur de l’œil de la vipère. Si j’arrive à soulager cette pression, l’animal aura moins mal.


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En effet, l’insensibilité des reptiles est un mythe…


24 18

TAKSA VASARUCHAPONG : Oui, il aura moins mal.


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Le centre des serpents de la Croix rouge s'est donné pour mission de sensibiliser le grand public au respect et à la crainte des reptiles avec qui il partage son habitat. Chaque visiteur doit comprendre que les serpents contribuent à l’équilibre de la planète. On insiste ici sur le fait qu’en limitant la prolifération des rongeurs, ils contiennent aussi la progression de maladies infectieuses transmises par ces mêmes rongeurs.


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La traite des serpents se fait aux étages supérieurs, dans un espace réservé aux manipulateurs avertis. Le venin a principalement deux effets. Il détruit les chairs pour se propager plus rapidement dans l’organisme. Il paralyse le système nerveux, pour immobiliser sa victime.

Quand le docteur Taska a été mordu par un cobra il a subi une paralysie qui faillit l’étouffer, puis une détérioration des tissus de sa main mordue qui, sans une intervention chirurgicale rapide, lui aurait vraisemblablement couté son bras.

Les soigneurs traient leurs serpents une fois par semaine. Aujourd’hui, c’est le tour des vipères. Ce précieux contenu, qui pourrait foudroyer plusieurs hommes, sera utilisé pour soigner.


26 10

Chaque année pendant la saison des pluies, une partie des maisons de Bangkok sont inondées. La montée des eaux touche avant tout les caves. Les nombreux insectes et arachnides, qui y avaient trouvé refuge et nourriture, sont obligés de se chercher un autre abri. Ses derniers s’invitent souvent dans des endroits insolites

Même si la coutume veut que l’on se déchausse à l’entrée des demeures, la prudence imposera une visite détaillée de ses dernières avant de les enfiler à nouveau…


26 58

De l’autre côté de la planète, en France, le venin des scorpions est étudié avec minutie. À quelques pas des plages de Cannes, où se presse la foule, une jeune société de recherche travaille sur l’élaboration de médicament à partir du venin, en particulier celui des scorpions. Tout comme leurs confrères thaïlandais, les scientifiques traient les scorpions en induisant un léger courant électrique à l’extrémité de l’aiguillon de l’animal afin que ce dernier expulse son venin.


PIERRE ESCOUBAS :

27 48

Aujourd’hui, Il y a trois médicaments qui dérivent des venins de serpents. Il y a un antihypertenseur qui a été créé à partir du venin d’une vipère brésilienne, et il y a deux molécules pour les syndromes coronaires, c’est à dire les problèmes cardiaques, qui sont des anticoagulants


28 08

Le venin des serpents est composé d’un cocktail complexe de molécules biologiques dont la composition varie en fonction de l’environnement, de la saison, voire le régime alimentaire de l’animal. Bien qu’étudié depuis plus de 50 ans, le venin n’a pas encore dévoilé tous ces secrets.


PIERRE ESCOUBAS 

28 22

On estime aujourd’hui, avec les études que l’on a pu faire, qu’il y a au moins 40  ou 50 millions de molécules contenues dans l’ensemble de venins animaux. Et on en connait 3500, 4000… sur 40 millions. Il y a un potentiel gigantesque.


28 41

Des chercheurs viennent d’identifier un nouveau composant du venin du cobra, une neurotoxine, baptisée haditoxine. Cette substance à la structure unique pourrait permettre de développer de nouveaux médicaments.

Les chercheurs espère en particulier qu’elle aidera à limiter les effets de maladies neuro-dégénératives telles que les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, la schizophrénie, l’anxiété, la dépression et même l’addiction à la nicotine.


PIERRE ESCOUBAS 

29 10

Si une araignée rencontre un scorpion, elle va essayer de le manger. Et c’est celui qui va réussir à empaler l’autre, à le piquer qui va gagner. Le scorpion a un venin neurotoxique très puissant… ça va être un combat dont on ne connait pas l’issue. Ces araignées-là arrivent à manger des serpents ou des lézards, donc elles sont capables d’attaquer des proies beaucoup plus grosse qu’elles…


30 51

Pour surmonter les difficultés propres à leur environnement, les animaux ont surdéveloppé le sens qui leur permettait de survivre. Le scorpion est un cas particulièrement intéressant. Malgré sa vue déficiente, son odorat peu développé, il saitse précipiter sur ses proies avec une précision remarquable. Les huit pattes sur lesquelles il repose sont garnies d’organes sensoriels capables de détecter les ondes que produit tout animal en mouvement. Le scorpion s’oriente alors dans la direction des pattes qui ont reçu le signal en premier (celles qui sont les plus proches de la cible) ; Il est aussi capable d’évaluer la distance qui le sépare de la proie.


Les scorpions préfèrent la fraîcheur nocturne à la chaleur du jour. La plupart d'entre eux connaissent un pic d'activité à la fin de la journée : c'est à ce moment qu'ils sortent de leur abri. Ils passent alors quelques dizaines de minutes à explorer les alentours de leur cachette. Cela leur permet de chasser de leur territoire les éventuels intrus, surtout quand il s’agit d’un congénère.


31 58

Ils sont trois à se sentir vibrer. Le plus petit fait le mort et ne bouge plus. Pour les grands c’est l’affrontement. Celui de gauche pique mortellement son congénère de droite. Le combat est fini.


32 26

Le poison fait rapidement son effet, paralysant peu à peu la victime.


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La lutte fut brève. La victime sera dévorée par son congénère.


33 34

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas quand il chasse que le scorpion est le plus actif : un scorpion qui chasse fait alterner de courtes phases de déplacement et de longs arrêts. Dès qu'une proie passe assez près de lui, le scorpion l'agrippe de ses pinces en un éclair. Quand il le peut le scorpion n’utilise pas son venin mais se contente de tuer son adversaire grâce à ses pinces.


Mais sûrement pas aujourd’hui… une mygale, l’un de ses principaux prédateurs, est en chasse sur son territoire.


34 05

Chasseresses redoutables, les mygales peuvent détecter l'approche d'une proie grâce à de nombreux poils, longs et mobiles. Ils sont placés sur les palpes de leurs mâchoires et sur leurs pattes, et recouvrent en grande partie le corps de l’animal. Ces avertisseurs, sensibles aux déplacements d'air et aux vibrations renseignent l’araignée sur son environnement.


35 00

Même si le système sensoriel de ces deux animaux est hyper développé, leur comportement est régi par leur seul instinct. Leur comportement est "préprogrammé". En bref, même si un scorpion a été prélevé dans la nature et élevé en terrarium, il reste un animal sauvage incapable de reconnaître la main qui les nourrit et ne se transformera pas en animal domestique !


35 39

Bangkok s’est construite de part et d'autre du fleuve Chao Phraya, le fleuve des Rois. Plus de deux mille canaux irriguent la ville. Cette dentelle d’eau est sillonnée dans tous les sens par des embarcations de toutes sortes : bateaux-taxis-express, hors-bord, petites barques à rame, péniches jonques…

En suivant le fleuve, on peut aller rapidement du cœur de la ville jusqu’au port. Là une mer chaude abrite une vie sous-marine dense et riche.

Si des personne, en ville, se font mordre par des serpents ou piquer par des scorpions, les Thaïs qui vivent au bord de la mer, à une trentaine de kilomètre de la ville, ne sont pas à l’abri des risques d’empoisonnement. Chaque année, des pêcheurs ou consommateurs de poisson finissent, eux aussi, à l’hôpital.


ITV Mr.Jirapong Jiwarongkakul  (Marine Scientist)


01 36 47 00

Il y a deux façons de produire du venin. Le venin qui se déclenche quand on touche le poisson, pour les poisson-pierre, poisson-scorpion et poisson-lion. Ces poissons possèdent des épines avec une glande venimeuse sur l’aileron ou sur leur tête.


36 59

Quand les prédateurs touchent les épines, ils se blessent.


37 07

Ce venin-là est très douloureux et paralyse notre système.


37 15

Il affaiblit les muscles, gêne le système respiratoire. Parfois, les gens s’évanouissent juste après s’être fait piquer.


37 23

Un autre type de venin se déploie dans le corps du poisson et peut être dangereux lorsqu’il est mangé. Le venin s’accumule dans la chair du poisson et dans les organes intérieurs comme le foie et les ovaires. Par exemple, le poisson-globe produit des tétrodotoxines au niveau du foie et des ovaires.


37 45

Sans le savoir, nous pouvons donc nous faire empoisonner en le mangeant


37 56

D’autre part, ce venin ne se décompose pas avec la chaleur, même après la cuisson, il reste présent.


38 04

Chaque année, beaucoup de Thaïs s’empoisonnent en consommant ces poissons.


38 14

Le roi du venin, répertorié parmi les plus toxiques du monde est le serpent de mer. Cependant cet animal peu agressif et très timide fuit devant l’homme. De plus ses crochets sont assez courts et auraient peu de chance de traverser la combinaison du plongeur. Ce n’est pas du tout le cas de ses cousins, les serpents terrestres qui vivent non loin de là, dans une ambiance nettement plus bruyante.


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De nombreux bénévoles offrent leur temps aux centres de secouristes qui sillonnent la ville pour aider les personnes mordues par des serpents et autres animaux venimeux. Ils sont souvent parqués sur le bord de la route, au centre d’un carrefour stratégique, attendant que la radio les appelle. La principale cause des appels concernent les serpents.


39 49

Il faut faire vite. Un ami de la victime présent lors de la morsure a décrit un serpent qui semble être un cobra.

Le venin de ce reptile contient une neurotoxine qui attaque le système nerveux de la victime. Les principaux effets sont une douleur comparable à celle d’une piqûre, qui s'étend à partir du site de la morsure. Si le poison progresse, un œdème va apparaître bientôt sur le pied de la victime, accompagné de suintements de sérum et de sang. Les tissus vont mourir autour de la blessure. Le jeune homme sentira ses jambes, son cou, sa nuque, ses muscles, sa langue, ses lèvres et enfin sa gorge se raidir et se paralyser. Il aura du mal à parler.  Un peu de bave commencera à s’écouler de ses lèvres. La déglutition deviendra impossible. La respiration deviendra pénible. Il vomira du sang. Il risque de tomber dans le coma, et de mourir par asphyxie.

Heureusement, nous n’en sommes pas là : la victime a été secourue à temps.


41 00      

DR. MONTHINEE TECHASOMBOON : Il est arrivé avec les paupières baissées et des problèmes respiratoires. La première chose que nous devons faire, c’est une intubation pour l’aider à respirer.


41 11

DR. MONTHINEE TECHASOMBOON : Ensuite, il faut regarder de quel type de serpent il s’agit. D’après moi c’est un serpent qui a un venin neurotoxique. C’est pour cela que le patient a du mal à respirer.


41 24

DR. MONTHINEE TECHASOMBOON : Il faut ensuite faire une prise de sang et voir où en est la coagulation sanguine.


41 32

DR. MONTHINEE TECHASOMBOON : C’est à ce moment-là que l’on décide d’administrer tel ou tel anti venin. L’anti venin fait disparaître le venin plus rapidement.


41 59

Comme à l’accoutumée, le docteur Monthinee prend des photos de la morsure. Pour l’instant, elle est encore saine. Ce qu’il faut surveiller de près, c’est la dégradation des tissus qui va subvenir dans moins de 24 heures, dégradation qui entraine très souvent une nécrose autour de la zone mordue et même, et dans certains cas, de tout le membre mordu.


42 26

Ce jeune homme a eu de la chance. Il est arrivé aux urgences moins de deux heures après sa morsure. Il lui faudra cependant subir une greffe de peau autour du mollet ; il ne ressortira de l’hôpital que dans un mois.


42 46

A la périphérie de Bangkok, des jeunes, poussés par le manque de travail décident de braver la morsure du cobra pour gagner leur vie. Le serpent est très recherché pour sa chair et pour le cuir de sa peau. Un serpent se vend en moyenne 15 euros. Par comparaison, le salaire d’un ouvrier est de 150 euros par mois.

Malheureusement, c’est un travail risqué et bon nombre de chasseurs de serpents atterrissent au service d’urgence de l’hôpital de Bangkok.

Dans cette banlieue, les reptiles sont nombreux et assez facile à attraper. Il faut, dans un premier temps, découvrir leur terrier. Puis, creuser en espérant que le serpent soit là.


45 16

Les deux jeunes gens vont revendre ensuite leur butin chez Mme Chuang. Sa maison  est devenue une institution.


45 22 

Thanachoke a commencé à chasser le serpent il y a un an.


45 31

THANACHOKE : Ici, il n’y a pas grand-chose à faire. Surtout depuis les inondations, il n’y a plus de travail au chantier. Vous savez, il faut être courageux pour devenir chasseur de serpent.


45 42

Ce nouveau métier ne s’enseigne pas à l’école…


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THANACHOKE : J’ai appris comment faire, comment les attraper en regardant les autres. J’ai appris à savoir ce qu’il faut faire après l’avoir attrapé.


45 57

THANACHOKE : Maintenant je m’en sors bien. Je suis même sorti capturer des serpents tout seuls, plusieurs fois déjà. Mais la plupart du temps, les copains m’accompagnent.


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Mme Chuang est bien connue du monde de la restauration, pour ses cobras plus que pour ses prouesses culinaires. Ancienne chasseuse de serpents, elle s’est reconvertie au commerce de ce reptile depuis que son mari s’est fait mordre, un jour de chasse, et faillit en mourir.

Chaque jour de nombreux jeunes viennent ici vendre des cobras.


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MME CHUANG : Hier, j’ai vendu 60 kilos de cobras. Mais ça dépend des jours. Ça peut aller jusqu’à 100 kilos par jour.


46 46

MME CHUANG : On utilise leur peau pour faire des sacs, et leur chair pour la cuisine. Il faut veiller à ce que la peau ne soit pas abîmée. S’il y a des blessures, les clients n’achètent pas.


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MME CHUANG : Les gens, par ici, mangent la chair des serpents mais c’est surtout la rate qu’ils aiment.


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MME CHUANG : On fait macérer la rate dans l’alcool de riz. C’est bon pour soigner la myopie.


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MME CHUANG : Je sais que les serpents n’ont pas une bonne vue mais c’est comme ça. Si on en mange ça inverse la myopie. C’est pour ça que ça se vend bien.


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MME CHUANG : Ça, c’est des rates que l’on a mélangée avec de l’alcool de riz.


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MME CHUANG : J’ai enlevé les rates moi-même.

Mais je n’aime pas manger le serpent, je n’en consomme plus du tout. Avant quand je chassais, j’en mangeais. Maintenant c’est fini.


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Les serpents mordent environ cinq millions de personnes chaque année dans le monde, selon l’OMS. Leurs morsures causent des blessures graves ou des handicaps chez trois millions d’entre elles et en tuent environ 125 000 chaque année.

Toujours selon l’OMS, les morsures de serpent sont responsables de plus de décès et d’infirmités que certaines maladies tropicales bien plus connues telles que la dengue, le choléra, l’encéphalite japonaise ou la maladie de Chagas.

Environ la moitié des morsures de serpent ont lieu en Asie, principalement en Inde, qui enregistre chaque année jusqu’à 50 000 cas, ce qui en fait le pays le plus touché au monde.

Beaucoup de morsures ne sont jamais signalées. Les personnes les plus touchées par les morsures de serpent sont les agriculteurs pauvres des milieux ruraux. Ils n’ont souvent pas accès aux établissements de santé nationaux ou n’ont pas les moyens de s’y rendre et se tournent donc vers les guérisseurs locaux non officiels.

En Thaïlande, ou les autorités se préoccupent avec sérieux de ce fléau depuis des années, seules 10 personnes sur les 10 000 mordues chaque année trouvent la mort.




  

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