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Tomelin











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Tsunami Part 1

Lieu : indonésie
Durée de tournage : 6 mois
Réalisation :Jean Boggio-Pola
Produit : en 2004/2005 par Strawbery Production
Durée :52 mn


Extrait


I. Banda Ache 1ère partie

1. Introduction journalistique

Le 26 décembre 2004 un tsunami a dévasté des milliers de kilomètres de cote dans der nombreux pays. L’épicentre se trouvait au nord de l’île de Sumatra, juste en face d’une grosse agglomération : Banda Aceh. Face à cette catastrophe le monde s’est mobilisé comme jamais. En fait la plus grosse catastrophe du siècle a engendré la plus grande mobilisation du monde. Nous sommes reste pendant 9 mois à Banda Aceh pour voir comment cette générosité pouvait profiter aux survivants de la catastrophe. Nous avons suivi cette reconstruction sous 5 axes différents : Le centre ville : Il a particulièrement souffert. Les trois vagues ont détruits en grosse partie la zone commerciale du centre d’Aceh. Ce centre était séparé en deux parties : la partie chinoise et l’autre aux mains des Achéois. Nous allons voir comment les deux communautés se sont débrouillées, pour remettre d’aplomb leur magasin, redonner vie à leur quartier respectif. Nous avons suivi une organisation humanitaire française : Médecins du monde. Qu’est ce que va faire MDM avec un budget plus que confortable pour aider les gens touchés par la catastrophe. Leur possibilité d’agir pour faire leur travail est sans restriction budgétaire, une chance rare. Comment vont-ils organiser leurs soins, recrées les hôpitaux clef en main qui ont été détruits… Les Nations Unis, dont fait partie l’UNICEF, ont réquisitionné tout un quartier pour y planter leur quartier général. On sent que l’argent transite par ici et que cette fois personnes n’en manque. C’est parfait, l’UNICEF va pouvoir faire profiter les orphelins de cette abondance et elle délègue une partie de ces moyens à une organisation indonésienne, qui a déjà fait ces preuves puis qu’elle se bat pour les droits des enfants en Indonésie depuis une dizaine d’année. Cette organisation, Pusaka Indonésie, a un programme pour la réhabilitation de tous les enfants touché par le Tsunami, le relogement des orphelins, la réouverture d’écoles détruites, le suivi des enfants traumatisé par des éducateurs et des psychologues… un programme intelligent, basé sur le long terme. Il y a aussi ces nouveaux baraquements ; construits très vite après la catastrophe et qui doivent permettrent à une population sans abris de se remettre de leur traumatisme et de recommencer à vivre et travailler dans des conditions d’hygiène respectable. 
Pour finir il y a ce village de pêcheurs complètement détruit par les vagues. Il ne reste qu’une poignée d’hommes qui on eu la vie sauve souvent parce qu’ils n’étaient pas chez eux au moment du drame ou parce qu’ils ont eu une chance inouïe. Quoiqu’il en soit ils sont fermement décidés à reconstruire leur maison là où elles étaient  et récupérer la terre de leurs ancêtres. Là encore l’argent qu’a donné le monde devrait largement suffit à réaliser les vœux de ces âmes perdues
Les mécanismes de cette reconstruction devraient dans un futur proche fonctionner parfaitement. Les bonnes volontés et les moyens sont là. Et même si l’Indonésie est l’un des pays les plus corrompus du monde, nous pensions, sans doute naïvement que face à la détresse des gens de Banda Aceh, la corruption se tairait pour laisser la place à l’entraide.

2. Introduction personnelle

Nous sommes arrivés à Banda Aceh au début Janvier. La route de l’aéroport à la ville est belle. Les gens ont l’air de vivre normalement, on ne sentait pas du tout la catastrophe. On entre dans les faubourgs de Banda Aceh et on ne sent toujours pas la catastrophe. Et puis d’un seul coup au détour d’une grosse avenue, tout change. La vague s’est arrêtée juste là. Derrière elle, il ne reste plus rien. Cette vision se reproduit ensuite constamment. Cela se joue parfois à 10 mètres près, à une petite colline prés, une ruelle prés… d’un coté le désert, de l’autre la vie d’avant, toujours là, intacte. En dehors de la violence de l’impact de la vague l’une des premières choses qui nous a marqué fut le calme des survivants. Il ressortait une grande force de leurs témoignages paisibles, lucides, et cette force on doit l’imputer à la foi. C’est là que petit à petit on s’est rendu compte que nous étions dans une région ou la charia était en vigueur, c'est-à-dire que la religion a toujours occupé une place privilégiée dans le quotidien des gens de Banda Aceh. Sans leur croyance la plupart des survivants que nous avons suivis au cours de ces neuf mois à venir n’aurait pas pu surmonter leur chagrin.
Il y avait aussi au début cette odeur présente partout. Une odeur aigre douce, une odeur d’amande douce, une odeur qui ne s’en va pas, qui imprègne les sacs, les vêtements, les cheveux. C’est l’odeur des corps en décomposition.
Soldat en off  On en a retrouvé 17, 17 depuis hier. Beaucoup dans ce coin là bas, aujourd’hui deux cadavres par ici. Parfois les décombres à soulever sont lourds et les corps sont dessous, les morts qui sont resté en surface sont plus rares. Ceux que nous pouvons dégager nous les mettons dans des sacs en plastic; les autres, c’est le travail des pelleteuses. Ici on vient dans trouver deux. Celui là qui a encore ses vêtements va être fouillé. Peut être que l’on pourra trouver ses papiers d’identité. L’autre corps là-bas est en morceau, on ne peut rien retrouver.
Homme 1 C’est ici dans les décombres. Elle est là dessous. Ce n’était pas possible de sortir de cette maison. Même si ma soeur aurait voulu, l’eau arrivait de gauche de droite, en vague, l’eau était tourbillonnante comme  un serpent en forme de cuillère.
Homme 2 Lorsque le premier tremblement de terre arriva, je me trouvais ici. Secoué, bousculé. J’avais peur que tous les bâtiments s’effondrent.
Homme 3 J’étais à Merduarti monsieur. Au moment du tremblement de terre, les gens sont sortis de leur maison en même temps; ils murmuraient ensemble : Il n’y a qu’un seul Dieu; il n’y a qu’un seul Dieu.
Homme 1 Dans les vagues il y avait beaucoup d’enfants. J’en ai vu au moins une soixantaine. Beaucoup demandaient de l’aide mais je ne pouvais pas. Je suis resté en prière, les mains au ciel en implorant Allah, le seigneur de me sauver s’il le désirait ou d’être condamner s’il le voulait.
Homme 2 J’étais sur un pont juste au dessus de l’eau qui tourbillonnait en prenant des formes coniques, qui montaient en l’air et se déversait en frappant avec force dévastant tout sur son passage.
Homme 1 Ca a été comme cela. L’eau monte, l’eau monte et puis d’un seul coup, elle redescend et c’était fini.
Femme 1 Le lendemain comme des sinistrés nous cherchons à savoir où sont les autres. Et la rumeur qui dit qu’il va y avoir un autre séisme. On marche avec difficultés au milieu des débris et on cherche à droite, à gauche, on cherche doucement entre ses corps. 
Non ce n’est pas celui là
Non ce n’est pas celui là
Le premier jour vous n’avez rien vu. Impossible de le décrire, impossible de l’expliquer. C’est comme cela la loi de Dieu.
Homme 2 Le jour après le tsunami les femmes mortes étaient étendues partout dans la rue. Les bijoux en or qu’elles portaient autour de leur cou, de leurs doigts, de leurs mains ont été volés par des gens. Je n’ai pas voulu faire pareil. J’ai emmené les corps ici, fermés leurs yeux, croisé leurs mains, ainsi ils devenaient beaux.
Homme 3 Tout est tombé en morceau, y compris les gros murs. Ma femme, mes enfants ont tous été emportés. Ils ont disparus sous mes yeux. J’étais accroché au deuxième étage. Quelques minutes après l’eau redescendait
lentement. J’étais si triste.
Mes deux enfants. Deux de mes petits ont disparus.
Femme 1 Ma mère était dans la voiture. L’eau est arrivée de partout elle n’a pas pu sortir. Moi je la voyais, j’étais là-haut.

Michèle Lipner (responsable ONU) La plus récente estimation de la mortalité, est approximativement de 128 000 personnes qui ont été tué le 26 décembre pendant le tsunami, avec 37 000 qui sont encore portés disparus. Après le tremblement de terre du 28 mars dernier, il serait possible qu’il y ait 900 morts sur les deux îles de Nias et Seumeleu. Il est triste de constater, que nous sommes encore à la recherche d’à peu près un million de personnes qui ont été directement touché par le tsunami.

3. Enfant

Des camps de réfugiés ont été installés à la hâte autour de Banda Aceh. En attendant les maisons en bois la vie s’organise dans ces camps de fortune. 09 52 Ce qu’il y a de tout à positif c’est que les rescapés du Tsunami ne se retrouvent pas seuls. Pusaka Indonesia, cette organisation tournée vers l’enfance et chapotée par l’UNICEF a installée ses bases au milieu de ce campement. Prass Prawoto, directeur de l’organisation, discute avec une gamine de 11 ans.
Fillette Je buvais du “jamu” cette boisson à base d’herbes, puis le tremblement
de terre eu lieu. Le verre de jamu, que je tenais a été très secoué, et
puis s’est cassé.
Responsable Pusaka Où étiez tu à ce moment, c’était loin de chez toi?
Fillette C’était loin. Il y a un pont, en dessous duquel l’eau coule. À côté, il y a
une maison, et j’étais là debout devant celle-ci.
Ma mère était à la traîne, et je l’ai tiré tout suite.
Responsable Pusaka Tu l’as tiré, en la traînant comme ça?
Fillette Oui, je l’ai traîné. Il avait un clou dans la rue et elle a été blessée. Nous l’avons relevé, tiré, et continué à courir. 
Responsable Pusaka Alors?
Fillette Alors mon père, qui était arrivé à sa voiture, est ressorti très vite pour chercher mon petit frère.
Responsable Pusaka Y avait-il beaucoup de gens dans la rue?
Fillette Oui, des gens partout, blessés, saignants, en état de choc, même les bébés.
Responsable Pusaka À cause de la foule et des accidents?
Fillette Oui, les gens bougeaient et couraient de plus en plus vite, effrayés d’être frappés par le tsunami. 11 06 Nous cherchions mon frère parmi les cadavres et nous regardions leur visage un par un. Je l’ai fait aussi, sans avoir été effrayé. D’habitude mon coeur bat plus vite quand je vois un mort, mais à ce moment là, j’étais assez solide pour ouvrir les sacs contenant les cadavres, un par un, pour voir leur visage. Nous avons fait ça, cinq jours et cinq nuits, sans le retrouver.  11 34 Après, nous avons juste su par une autre famille qu’il avait été sauvé.

4. Reconstruction d’un village de pécheur.

C’est l’une des premières choses que nous avons vues prés de Banda Aceh : cette immense désolation. Avant ici il y avait un village dans lequel vivaient 250 familles de pécheurs soit 1500 personnes. Des images que sûrement le monde a vu peu de temps après la catastrophe. 12 59 Et nous avons rencontré Nasir. On l’a trouvé errant autour de la mosquée. Il a répondu aux questions poliment, les yeux tristes, sans excès, ce qui a rendu sa douleur encore plus insupportable. Il ne lui restait plus rien : femmes, enfants, parents… tous les siens avaient été emportés. 13 17 Pendant qu’il nous parlait, il n’y avait autour de nous aucun son d’enfant, aucun son de femmes, aucun bruit d’oiseau. 
Nassir Voici ma maison, ici l’endroit où je m’asseyais avec mes enfants et ma femme. Voilà il n’y a plus personne. 13 38 Et ici …. 13 40 Oh mon Dieu !
Nous n’avons absolument pas peur. Le tsunami peut revenir une fois, cent fois, on ne bougera pas d’ici. Dieu décide, c’est la loi divine. C’est comme pour moi. Tous mes enfants ont disparu. De quoi peut-on discuter de plus. Tous ont péris, nos biens sont engloutis, discuter de quoi encore. Ma femme me faisait la cuisine, lavait mon linge, on discutait souvent ensemble. Il n’y a plus rien. Je dois laver mon linge seul, faire ma cuisine seul maintenant.

5. MDM

Médecins du Monde, une organisation humanitaire simple, des gens investis, qui sont là pour aider et qui le  font bien. 14 36 Le tsunami à soit tué soit épargné. Les grosses blessures ont été soignées tout de suite après la catastrophe. Le rôle de Médecins du Monde était de tenter de soulager les nombreuses séquelles psychologiques et surtout d’aider à reconstruire en partie des infrastructures médicales détruites le 26 décembre.  L’équipe était bien évidemment choquée mais pas abasourdie par ce qu’elles avaient vu deux jours après le raz de marée, ce sont des routards des cataclysmes, mais tous étaient unanimes. Par sa force et son ampleur cette tragédie était la plus importante du siècle. Médecins du Monde a installé des postes de soins tout au long de la cote dévastée. Ce camp se trouve à 15 kilomètres de Banda Aceh.
Mari femme jambe coupée. Non, non, je ne suis pas content, je suis plus que content. Je vois que ma femme reprend vie et qu’elle va guérir. Vous savez il y a des degrés dans la joie. On peut être à ce niveau mais moi je suis là haut

C’est sur cet emplacement que MDM devait construire son premier hôpital de campagne. Le permis de construire a été dans un premier temps accepté puis, pour des raisons obscures, refuser par le gouvernement indonésien. Cas cela ne tienne, un deuxième plan est élaboré. L’hôpital sera construit plus à l’intérieur des terres.

6. Les baraquements

Le gouvernement indonésien a construit assez rapidement des baraquements provisoires en bois. Chaque maisonnette devait accueillir dans les jours qui viennent 8 personnes. En tout, 437 rescapés vont cohabiter ici ;  437 vies différentes que le tsunami a réuni.
Homme 1 C’est mon gamin, le seul qui soit encore en vie. Sa mère nous a quittés, morte. Il disait, de ne pas chercher à la remplacer, parce qu’une autre
mère, ça sera différent. 
Homme 2 (chef village) Oui, il avait beaucoup de victimes. Avant le tsunami le nombre d’habitants de Lampung était de six mille, mais après le tsunami il n’en restait plus que sept cent.
Femme 1 J’ai oublié le numéro de fax, le nom de l’hôtel, ou est ma famille, je ne sais pas. Je n’arrive plus à m’en souvenir, après avoir été emporté par le tsunami, tout est parti avec. J’ai complètement oublié, maintenant c’est difficile de redémarrer à nouveau.
Homme 2 (chef village) Le gros problème ici c’est l’eau. Il n’y a pas assez d’eau. Quand il y en a, mais elle sent mauvais. L’eau est apportée de l’extérieur, mais elle est rapidement consommée.
On l’amène à midi, et il n’y en a plus à six heures de l’après-midi.
Homme 3 Imran C’est pour pomper le puits, mais ça ne fonctionne pas encore. C’était équipé avec un réservoir. Mais le tuyau est bouché. La nuit dernièrenous avons essayé de réparer mais sans résultat.
C’est la place du bain.
C’est une belle salle de bain mais il n’y a pas d’eau.
Homme 1 Visitez ma maison. Entrez.
Ce lit a été récupéré dans le champ de riz après le tsunami. Je l’ai pris et
rapporté ici. Aussi celui là, et ça aussi…
Homme 3 Imran Ça c’est une cuisine, on peut entrer ? On peut entrer ?
C’est la cuisine qui appartient… à qui appartient cette cuisine ? (Fatima). Madame Fatima prend soin de cette cuisine. Il ne reste que deux
personnes dans sa famille, elle incluse.
Femme cuisinière 1 C’est un poulet qui va être distribué aux enfants, avec du riz. C’est mis dans des boites qui contiennent du riz, du poulet et des légumes. C’est distribué aux enfants orphelins.
Question Y a t’il beaucoup d’enfants qui n’ont plus de parent, ici?
Femme cuisinière 1 Oui, beaucoup, ils sont cinquante.
Question Ils vivent encore avec leur famille?
Femme cuisinière 2 Non, avec d’autres membres de leur famille.
Pour ça, l’aide vient de Turquie.
Femme cuisinière 1 Ils donnent de l’argent, puis les femmes achètent et cuisinent la nourriture pour les enfants.



Question Comment c’est arrivé ?
Femme blessée J’ai heurté un toit en zinc, aussi mon visage a été blessé. Il a été recousu. Et ma propre  famille a disparu. Personne n’est revenu, tous sont morts. Je ne suis pas capable de raconter l’histoire.
Autre Femmek Elle n’est pas capable de raconter l’histoire, elle est trop triste depuis que son mari et ses trois enfants ont été emportés par le tsunami.
Question Qu’allez-vous faire maintenant ici?
Femme blessée J’enseigne.
Question Professeur?
Femme blessée Oui
Question Étiez-vous professeur, aussi dans votre village?
Femme blessée Oui.
Question Professeur d’école élémentaire?
Femme blessée Oui.
Question Où c’était ?
Femme blessée À Kuh.
Question Alors vous devez sortir.
Femme blessée Oui, quand nous allons à l’école, c’est intéressant de voir les enfants. Ils deviennent comme mes propres enfants.

L’histoire de Sinti est emblématique de ce qu’on vécu tous les gens de ce camp. Ils se ressemblent, comprennent la douleur de leur voisin puisqu’ils ont la même, S’entraident dans le deuil qu’ils ont à accomplir.

7. Reconstruction de la ville

Titrage Images tournées par FENDY SETIAWAN commerçant chinois 25 00 Le jour de notre arrivée une grosse pluie a fait ressortir toute l’eau des caniveaux. Une odeur de pourri a envahit le centre ville. Il était indispensable de nettoyer le sous sol de Banda Aceh, pour éviter toutes les épidémies. Nous avons demandé aux ouvriers qui travaillaient ici, qui les embauchaient. Ils nous ont tous parlé d’une organisation chinoise. 25 27 On a retrouvé l’organisation et on décidé de la suivre pendant la reconstruction de leur quartier ravagé par le Tsunami.  C’est une leçon d’espoir que nous ont donné ces chinois. Nous sommes tombé sur une ruche, chacun donne sans compter, le travail avance constamment, il est bien fait. Ce sont des gens qui sont habitués à se débrouiller seul. Sans doute un peu méprisé, mise à l’écart par la population avant la catastrophe. Ce qui était remarquable c’est l’efficacité avec laquelle ils arrivaient à faire leur travail et la simplicité avec laquelle ils arrivaient à en parler. Je crois que si toutes les organisations présentes à Banda Aceh avaient travaillé comme cela, toutes les reconstructions seraient finies depuis longtemps, et les retards que nous verrons dans le futur n’auraient jamais existé.
Vieux chinois Ici nous avons travaillé pour nettoyer les drainages des canalisations. Sur 9200 mètres. L’argent vient du comité Chinois de Tionghoa. Pour les besoins basiques comme la nourriture nous recevons de l’aide des organisations humanitaires comme l’UNICEF, Save the Children, et METAL.
Question Y a-t-il des aides financières de pays étrangers?
Vieux chinois Jusqu’à maintenant il n’y pas eu d’aide financière, je veux dire sous la forme d’argent cash.
Nous essayons de rebâtir comme c’était avant, ou peut- être, même mieux.
Question Combien de personnes mangent chaque jour ici? Vieux chinois
Vieux chinois À peu près six cent personnes, quelques fois sept cent.
Question 17 Y a-t-il assez?
Vieux chinois Pour le riz c’est suffisant, seulement pour la nourriture complémentaire nous ne pouvons plus la financer.

8. UNICEF

Pusaka Indonesia c’est la rencontre avec Prass.  Un homme merveilleux, que nous avons appris à connaître petit à petit et qui ne nous a jamais déçus. 28 03 Un homme qui a pris ses enfants sous sa protection. Il a réussi à rassembler une centaine d’orphelin dans ce camp, au milieu de nulle part, à retrouver soit un membre de la famille proches des orphelins
– un oncle une tante, un cousin…-, soit un voisin, soit tout simplement un habitant du camp et replacer l’enfant traumatisé dans un univers affectif sécurisant ou l’enfant avait un foyer le soir, une personne qu’il connaissait, un référence affective après l’immense chaos qu’avait connu ces petits êtres.
Question Où est ce que tu étais ?
Enfant J‘étais à Kaju. À la maison de ma grand-mère.
Question Qu’est ce que tu as fait, tu as couru ?
Enfant Oui ensemble avec ma grand mère on a couru. 28 57 Ma grand mère a été prise par le Tsunami, elle n’est jamais revenue à la maison.
Mère de L’enfant Jusqu’à la nuit il n’était pas revenu à la maison. Une nuit, sans qu’il soit avec nous. Mon mari et moi, nous n’étions pas capables de rentrer dans la maison, car nous étions trop tristes. 29 18 J’ai perdu le goût de vivre à ce moment. Puis, dans la soirée, autour de 19 heures30, cet enfant revînt, accompagné par l’armée. J’étais derrière la maison avec mon mari, quand le militaire demanda :” Madame, savez vous où est la maison de Mr Andri et Mme Novi”. Je répondis, “Oui, c’est moi. Que se passe-t-il, Monsieur?”; Il n’y avait pas d’électricité à ce moment là. Il répondit, ”Votre fils, Madame. Il revient”.  Il est mon seul enfant. Nous nous embrassions l’un et l’autre, mon fils et moi.
Question Aimes-tu l’école?
Enfant Oui, j’aime!
Question Pourquoi vas-tu à l’école, pourquoi?
Enfant Pour apprendre, pour obtenir le savoir!
Question Que veux-tu faire dans l’avenir?
Enfant Je ne sais pas. Je n’ai aucune idée. 30 01 Je pensai juste de devenir un maître d’enseignement du Coran.
Question Tu ne veux pas être policier ou professeur?
Enfant Professeur, oui. Professeur d’enseignement du Coran.
Responsable Pusaka Aujourd’hui, dimanche matin, les enfants vont faire une sorte de jeu avec des récompenses. Cette activité est organisée par un groupe de jeunes adolescents, qui vient juste de se créer. C’est sa première action pour montrer qu’ils sont capables de faire quelques choses au sein de leur société. On espère dans le futur que ce genre d’activité se répétera souvent dans des formes différentes. L’essentiel c’est que nous sommes là pour leur faciliter ce genre de chose : nous les aidons à créer des activités pour qu’ils puissent retrouver pleinement confiance en eux, pour qu’ils redeviennent ce qu’ils étaient avant le drame.
Jeune éducateur La première chose est de faire en sorte qu’ils se connaissent mieux entre eux, parce qu’ils viennent de différents villages. Et je veux que lorsqu’ils arrivent ici, ils fassent connaissance et deviennent amis.
D’abord j’essaye d’aider les enfants à surmonter leur traumatisme. Pour qu’ils reprennent leurs esprits.
Question Qu’est ce que tu as eu ? Tu as eu une récompense ? Fillette Pas encore il y en aura une à la prochaine compétition à la finale
Jeune éducateur Je suis très content de voir qu’ils sont capables de sourire !
Question Combien de fois es-tu tombé
Enfant Deux fois
Question Es-tu heureux ?
Enfant Oui heureux
Jeune éducateur En fait je suis aussi victime du tsunami.
Question Qu’est ce qui s’est passé avec votre famille ?
Jeune éducateur La famille n’était pas ici, au sud d’Aceh. Ils sont tous morts.

Pusaka Indonésia toujours chapotée par l’UNICEF développe ses activités. C’est la deuxième fois que nous allons dans ce camp et nous pouvons sentir que les enfants vont mieux. Ils sont bien suivi par des éducateurs qui se donnent sans compter, ont de nouveaux outils scolaires, et toujours présent,  toujours à portée des enfants, Prass veillent calmement sur ses protégés.
Responsable Pusaka La chose la plus importante est de savoir comment s’occuper du futur de tous ses enfants, victimes du tsunami. Les adultes survivants sont grands et peuvent mieux se débrouiller contre cette catastrophe. Comment le gouvernement va-t-il trouver les solutions pour l’immense problème de l’éducation, d’encadrement de toute cette jeunesse brisée, tout cela n’est pas encore clairement défini.  Pour l’instant le gouvernement n’arrive pas à régler des problèmes basiques comme coordonner la distribution de la nourriture, les déplacements des gens de Kepteng jusqu’à leur nouveau camp. Tout cela est aujourd’hui encore chaotique. Même l’aide monétaire du gouvernement n’a pas encore été distribué.
Evidemment se pose la question de l’avenir de ses enfants. Ils sont les seuls survivants d’une génération entière détruite par le tsunami. Ils sont la base de la société à venir, une base bien sure fragilisée par ce qu’ils ont vécu, par ce qu’ils ont perdu. Ils sont précieux. Aujourd’hui tout va bien. Ces enfants devraient être protégés, suivis par des éducateurs... Pourtant Prass ne peut s’empêcher de poser un cri d’alarme.
Responsable Pusaka Aujourd’hui il y a énormément d’enfants seuls sans le moindre espoir de retrouver leur famille ; beaucoup d’autres n’ont  qu’un seul de leurs parents. Tous vivent dans l’incertitude de leur futur.  Cela veut dire que, si le gouvernement n’agit pas tout de suite et d’une manière constructive, je pense que cette précarité  pourrait se transformer en un désastre encore plus dramatique que le tsunami.
Le résonnement de Prass est sans faille. Espérons que l’avenir lui donnera tort et que le gouvernement indonésien ne laissera pas tomber ses orphelins.

9. Centre géophysique de Banda Aceh.

Mr Syahnan Ce sont les enregistrements des tremblements de terre que nous observons chaque jour. Ces tremblements de terre se passent dans la province d’Aceh. Ils arrivent à peu près 30 fois par jour avec une magnitude de 4 à 6 sur l’échelle de Richter, c’est ce qui se passe tous les jours. Jusqu’à aujourd’hui, et depuis le 26 décembre, date du tsunami, il y a eu 5969 tremblements de terre à Banda Aceh.

10. Reconstruction de la ville

Tremblement de terre Dans la nuit du 28 mars un tremblement de terre a détruit l’Ile de Nias et semé la panique à Banda Aceh.
Responsable Pusaka Qu’est ce qu’il est arrivé à ce bâtiment?
Vieux chinois Il était OK, il est solide. Il a été construit il y plus de cent ans. Nous le réhabilitons.
La nuit dernière je n’ai pas eu peur à propos du tremblement de terre lui-même. J’étais juste inquiet si le tsunami suivait.
Chinois magasin Les secousses étaient extrêmement fortes, tout le monde courait en emmenant les enfants, effrayés. Et si l’eau revenait… 
Ce bâtiment, était vide. Il était incliné à cause du premier tremblement de terre en décembre.
Donc, quand il y eu la secousse de la nuit dernière, alors BOUM! Il a été complètement détruit.
Vieux chinois Tout vient de Tionghoa Indonésie de Jakarta. Les fonds sont à peu près sept cent trente millions de rupiah pour nettoyer 9200 mètres de canalisations. Nous démolissons et nettoyons tout autour d’ici, aussi là bas. Il y a encore des cadavres.

Différence entraide chinois et Banda Aceh Nous étions surpris. Le raz de marée avait eu lieu il y avait à peine deux mois. Ce quartier, très proche de la mer avait été particulièrement touché. Alors que pratiquement partout les tractopelles oeuvraient encore pour le gros déblayage, au quartier chinois on commençait à ouvrir les boutiques.
Question Comme ça, ils commencent à rouvrir.
Commerçant 1 Oui Monsieur, nous avons ré ouvert depuis 5 jours. Nous avons déjà eu des clients qui sont venus.
Vieux chinois Cet égout a été nettoyé.
Chinois magasin Tout ça a été détruit. C’était du matériel neuf, il est devenu comme ça.
Tout est foutu!
Mais on ne peut pas considérer ça comme une perte. La chose la plus importante, est la vie humaine. C’est déjà très bien, que nous soyons vivants et pas blessés, ne soyons pas trop exigeants. La vie est la priorité. Pour notre société ici, la vie est plus importante que les propriétés. Il ne faut pas penser uniquement au matériel. 
Vieux chinois Ill nous faudra au moins un mois et demi pour finir. Nous employons plus de cent personnes.
Au plus vite cette tache sera fini au plus vite la vie pourra reprendre son
cours normal.

Donc pour le quartier chinois l’avenir semble positif. Ils sont efficaces, les magasins ouvrent à nouveau. Ils sont énergiques, dynamiques, solidaires ; le drame les a plus soudées. La rue d’à coté n’est plus chinoise mais achéoise. Si l’efficacité n’est pas la même c’est sans doute à cause de l’isolement. Ici la solidarité n’est pas  une priorité.



Question Quel genre de boutique avez-vous?
Marchand achéois Un salon de coiffure, juste derrière le bateau.
Question Qu’est ce que vous allez faire avec ce bateau ?
Marchand achéois
Il doit être déplacé bientôt, mais quelqu’un de la mairie m’a dit que ça
risque de prendre du temps.
Marchand achéois  
Question Qui a nettoyé cet endroit, vous même?
Marchand achéois Oui, je l’ai fait moi-même. Parce que je n’avais plus d’argent, tout a disparu avec le tsunami.
Question Il y a beaucoup de propriétaire comme vous dans cette rue. Vous travaillez main dans la main pour tout nettoyer? 
Marchand achéois Non, je l’ai fait tout seul. 

11. MDM
C’est sur cet emplacement que MDM devait construire son premier hôpital de campagne. Le permis de construire a été dans un premier temps accepté puis, pour des raisons obscures, refuser par le gouvernement indonésien. Cas cela ne tienne, un deuxième plan est élaboré. L’hôpital sera construit plus à l’intérieur des terres.
Ingénieur MDM Ce site a été donné par la commune, pour y construire un “centre de soins communal”. La commune l’a donné au gouvernement local. Le gouvernement local a demandé à Médecin du Monde de le fabriquer. MDM est d’accord, et prévoit de construire ici un petit hôpital de campagne clefs en main de quatre cent cinquante mètres carrés, deux maisons pour les docteurs, deux maisons pour les infirmières, l’eau et les systèmes sanitaires.
Sa position est bonne parce qu’il est situé entre de 2,5 Km à 3 Km de la ligne côtière. Le “centre de soin communal” sera construit ici.  Selon le maître plan, ça c’est l’entrée. Nous entrerons de ce côté; ceci est la maison des docteurs, là c’est la maison des infirmières, et c’est le garage pour l’ambulance. Il y aura un forage pour l’eau et un entrepôt pour le groupe électrogène. Si c’est possible. Bien qu’un peu limité, le premier objectif est que les équipements puissent remplir les besoins de la communauté de Lhok Nga.

12. Reconstruction d’un village de pécheur.

C’est une belle journée pour Imran et ses amis du village de Lampuuk. Le gouvernement indonésien a cédé. Il autorise les habitants du bord de mer à reconstruire leur maison sur la terre de leurs ancêtres.
Homme 1 On nous a permis d’habiter près de la mer.
Homme 2 Cette nouvelle est très importante : nous allons pouvoir rester prés de notre plage. Avant nous restions ici en prenant le risque d’être délogé.
Nous étions près à rester coûte que coûte, même deux années entières sous la tente. 
Si le gouvernement ne nous fournissait pas de logements, nous projetions même de construire nous même nos petites maisons.
Imran Ce que nous devons faire maintenant ce sont des efforts pour redévelopper le village et nous-mêmes.
Si nous ne sommes pas remariés, nous n’avons plus rien à faire et n’avons pas de descendance. Alors nous devons augmenter la population de notre village, comme avant. Nous devrions même nous remarier avec au minimum 2 femmes. C’est la première raison!
Donc la première raison c’est pour avoir un descendant.
Mais ce n’est pas seulement ça. Parce que sans une compagne, la vie n’est rien.

IMRAN ABDULLAH a une âme de meneur. Tous les matins il sort de sa tente pour surveiller les travaux qui se font dans sont village. Son dynamisme, son calme, sa clairvoyance trois mois après le Tsunami sont un exemple pour beaucoup. Les gens qu’il va prendre en flagrant délit de vol de matériaux sont  aussi démunis que les siens. Imran sait être ferme et diplomate.

Imran Je disais que cette maison appartient à quelqu’un. Ces gens ne sont pas originaires de cet endroit. Avec tous les habitants d’ici nous avons décidé de faire attention pour qu’on ne nous vole pas les débris de nos maisons. C’est pourquoi, j’ai dit à ces gens, d’arrêter de prendre ce qui n’est pas à eux et qui est sous ma responsabilité.
Nassir Voilà du bois de récupération, bois pour reconstruire nos maisons ; nous l’avons ramené de là bas. Voilà notre mission maintenant pour reconstruire nos maisons tout seul.
Imran C’est “Habitat pour l’Humanité International”. Le chef qui est venu me voir, vient des Philippines. Peut être, qu’ils sont une grosse ONG. Quoiqu’il en soit il est venu ici avec monsieur Clinton ; nous étions tous les trois ici: Mr Clinton, lui et moi. Le vieux monsieur a dit,”Mr Clinton, je leur ai promis des maison pour eux!”. Le jour après Mr Clinton était parti. Le vieux vînt me voir en disant que les maisons pourront être comme cela ou comme ceci, le plus vite possible, selon certaines conditions.

IMRAN n’aurait jamais discuté avec Bill Clinton s’il n’y avait pas eu de tsunami. N’oublions pas que les gens de Banda Aceh étaient coupés du reste du monde avant la catastrophe. Les seuls étrangers qu’ils voyaient étaient des militaires indonésiens. Espérons que Bill est ses copains n’oublierons pas leurs promesses et que le village de notre ami pourra revoir le jour dans un futur proche. Nous sommes au mois de Mars. Jusqu'à présent la seule aide extérieur qu’a reçu IMRAN et con village est une pompe et un peu d’essence pour la faire marcher.
Question Qu’est ce que vous faites ici?
Homme 1 Nettoyer les saletés du tsunami. Cela contient du sulfure.
Question Elle est encore vivante?

Homme 1 Oui
Question Ca veut dire, que cette crevette a été amenée par le tsunami? 
Homme 1 Oui, elle a été apportée par le tsunami.
Question Êtes-vous prêt à retourner en mer à nouveau?
Homme 2 Oui, exact.
Question Vous n’avez pas peur?
Homme 2 Non, je n’ai pas peur. 
Cela n’a rien à voir avec la mer. Le tsunami a été donné par Dieu; les humains ne peuvent le contrôler mais juste faire face. Nous ne pouvons pas nous échapper du désastre. On doit vivre ici même s’il y a des tremblements de terre.
Question Avez-vous un bateau?
Homme 2 Oui, mais je l’ai fabriqué moi-même. Je l’ai construit avec des bois usés, petit à petit. Je me disais que ce n’est pas parce que le monde nous aide
qu’on ne doit pas faire d’efforts. L’aide finira un jour par totalement disparaître. Nous ne pouvons pas toujours demander aux autres.

13. Conclusion

Nous sommes au mois de Juin. Le Tsunami a frappé il y a 6 mois. A Banda Aceh, la vie commence à prendre un court normal. C’est le moment de faire une pause. Toute la crème est venue près de ce pont, a coté de cette mosquée qui est la seule à avoir tenu le choc. Il y a le gouverneur, le chef des armées, le maire de Banda Aceh, les représentants des nations Unis, des ONG. Chacun est venu et congratule son voisin immédiat. « Le travail a été dur, mais regardez on est là, on est content, le travail avance bien, mais oui mais bien sur… ». Qu’est-ce qu’en pense les autres, ceux que nous avions suivi auparavant, Médecin du monde a-t-il construit son hôpital, les chinois du centre ville ont-ils reçu de l’argent du gouvernement, que sont devenus les enfant de Monsieur Prass et son organisation chapotée par l’Unicef, le gens des baraquement ont-il de l’eau et ceux du village de pécheurs de nouvelles maisons.