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Bali autrement


    Lieu : Mexique

    Durée de tournage : 6 mois

    Réalisation :Jean Boggio-Pola

    Produit : en 2004 par MC4

    Durée :52 mn


    Extrait


Commentaire et dialogues


Introduction


Commentaire

L’île de Bali en Indonésie est visitée chaque année par des millions de touristes. 95 % d’entre eux restent entre Kota et Semillac (soit sur 25 Km de plages et d’hôtels). Nous vous proposons un voyage dans un autre Bali.

Commentaire

C’est en plein cœur de Bali, dans les montagnes, que nous avons rencontré Agun. A 98 ans ce petit homme à la réputation de posséder une poigne d’acier. Les gens le savent, ses massages sont coriaces, ils font mal mais c’est, parait-il, le prix à payer pour retrouver une santé de nouveau-né. La première chose que fait Agun est de demander l’autorisation aux Dieux.

Vieux Comédien 50 ans

Donc vous deux je vais vous soigner. Je vais vous toucher un peu plus légèrement parce que vous êtes plus mince.

C’est plus mince là, mais vous il va falloir que j’appuie beaucoup plus fort sur l'autre patient. Quel que soit la forme de la maladie, il va falloir que je presse bien fort, vingt ou quarante fois plus fort

Ketut autre comédien

Pourtant moi je suis creux comme une tige de riz…

Vieux Comédien 50 ans

Je peux rapidement évaluer votre état. Dès que vous enlevez votre chemise je vois la plupart de vos blocages. Il y a cependant certaines parties qu’il faut que je touche pour comprendre entièrement votre corps. Si vous avez mal c’est que ce point de votre corps mérite que je le masse fort. C’est pourquoi je vous demande tout le temps : »ça vous fait mal ? ». C’est pour comprendre.

Ketut autre comédien

Dans un premier temps c'est… Et puis ensuite…

Vieux Comédien 50 ans

Je l’ai déjà dit tout à l’heure, je ne peux pas vous certifier que la douleur va disparaître demain ou dans deux jours ; ça je ne peux le faire ; Mais je peux vous dire qu’elle disparaîtra.

Oui, il y a une personne qui s’est évanouit au moment où je le massais. Il ne se souvenait plus de rien ; un moment plus tard je lui montrais une représentation magique d’Anoman, je soufflai ; je lui montrai à nouveau, et soufflait sur sa fontanelle, comme ça son âme a pu revenir dans son corps et il s'est réveillé.

Il faut faire attention, nous faisons un métier dangereux. Voici ce que l’on dit, mais c’est en langue sacrée: il s’ensuivra la mort du karma, le renversement du regard, tu ne verras plus ni la rivière ni la vallée, tu deviendras fou, voilà ce qui attend celui qui enfreint les interdits.

On ne fait pas les choses n'importe comment; il faut faire très attention. Il y a des cérémonies à faire, il faut franchir les étapes pas à pas, on ne devient guérisseurs comme cela, si l'on bouscule les lois divines, il s'en suivra ce que je vous ai dit plus haut.

Pour réussir il faut qu'il y ait une confiance réciproque entre le patient et le guérisseur. Il ne faut pas prétendre que l’on sait si l'on ne sait pas;

Si le balean donne l’impression de vraiment maîtriser le problème médical ou autre, mais que dans le fond de son cœur il sait qu’il n’est pas capable de le faire, il est préférable qu’il s’abstienne ;

Je dis cela sérieusement parce que je suis un homme « stupide » ; parce que je suis « stupide » je questionne autant que possible ; Il est parfaitement inutile de prétendre savoir quand on ne sait pas. Je procède petit à petit ; si je rencontre un problème insurmontable je demande l’aide à l’eau delà sinon je m’abstiens de les déranger.

J’ai été un dur autrefois, monsieur. Je faisais du karaté.

J’ai la forme… Ah, bien sûr que je suis encore content d’être comme cela a 98 ans. Le problème c’est que tous les autres de mon âge m’ont déjà quitté

Tous ceux qui étaient avec moi à l’école n’existent plus.

Crémation

Commentaire

A Bali la mort n’est pas cachée. Quand quelqu’un meurt on l’expose, on le manipule, on le touche avant de le brûler. Tout jeune, les balinais ont vu la mort : celle d’un voisin ou de sa propre famille ; la voir est quelque chose de banale, cela ne fait pas peur.

Agun autre comédien

Aujourd’hui vous allez voir la cérémonie de crémation de ma tante qui est morte il y a une semaine.

L’idée générale d’une crémation c’est le retour de la vie vers ses origines. L’âme retournera vers ses origines avec les divinités, et le corps doit retourner vers ses propres origines qui sont les 5 éléments de notre univers : la terre à la terre, l’eau vers l’eau, l’air vers l’air etc.…

Avant la principale cérémonie de la crémation, le corps doit être lavé suivant un rituel précis. On lave le cœur avec de l’eau purifiée et parfumée avec des fleurs.

Les 5 orifices de votre corps vont être couvert avec certains éléments : vos yeux, votre narine, vos oreille etc.…. C’est bien évidemment symbolique. Nous avons 5 canaux qui relient le petit univers de notre corps au grand univers céleste.

On dépose sur les yeux des morceaux de verres. On espère ainsi que quand nous retournons dans l’autre univers nos yeux pourront voir beaucoup mieux, dans la bouche on place des pierres pour aider que vos paroles soient clairs et précises…. Ce sont de petites protections.

Quand nous faisons notre crémation nous fabriquons des offrandes. La nourriture que nous allons faire doit être belle, ressembler à des fleurs, décoratives. La signification n’est pas philosophiques mais beaucoup plus un hommage à la beauté de la vie en général.

Normalement les cérémonies d’une crémation vont durer au minimum une semaine parce que c’est le temps nécessaire à la fabrication de la tour et du taureau. La tour sera le véhicule qui conduira le corps de la maison au cimetière.

Tout le village aidera au transport du corps de la maison au cimetière. Arriver sur place les gens feront faire trois tours au cercueil ; ce sera pour rendre l’esprit du défunt confus. On l’aidera ainsi à partir vers l'au-delà et non pas d'être tenté de revenir vers sa maison terrestre.

Pour fini on prendra le corps de la charrette pour le placer dans le taureau. Le taureau est décoré en fonction de la caste de la personne. Le taureau est un animal sacré, il sera le véhicule de l’âme vers le ciel. Brûler le cercueil prendra une heure et demi, les cendres seront alors récoltées, elles seront bénite encore une fois puis déposé dans la rivière qui les conduira jusqu’à l’océan. L’océan est la fin du voyage.

Nous croyons fermement au karma à Bali, c'est-à-dire que vous recevrez ce que vous aurez donné pendant votre vie. Si par exemple pendant votre vie vous n’avez pas été une bonne personne socialement parlant, avec les villageois, et bien pendant la cérémonie ils vous créeront des problèmes, à vous et à votre famille. Au lieu de placer le corps sur la tour ils joueront avec lui en le traînant dans la rue. Ceci est une punition sociale. Cela peut arriver dans les villages. C’est pourquoi nous sommes supposés être en harmonie avec notre environnement sociale. On est supposé être en harmonie avec notre environnement naturel, et être en harmonie avec notre dieu ; Ce triangle d’harmonie doit faire partie de notre vie.

Ogoh-Ogoh

Commentaire

Ce soir celui qui sort de chez lui pour se promener dans la rue, celui qui fait du bruit ou tout simplement allume la lumière dans sa maison va en prison. Tout est ferme pendant une nuit et une journée. Le seul aéroport international au monde qui ferme ses portes pendant 24 heures c’est l’aéroport de Denpasar.

C’est le jour de l’an à Bali.

Tout a commencé il y a deux mois lorsque la grande majorité des jeunes de l’île se sont retrouvés dans leurs banjars respectifs, sorte de maison de quartier gérée localement et mise à la disposition des gens. Cette fois ci ce n’était pas la répétition de l’orchestre, un problème de voisinage réglé au grand jour par le chef du village mais la préparation de la plus grande fête de l’année : Nyepi. La première chose à faire est de fabriquer un monstre, un Ogoh-Ogoh. Il faut que l’animal soit grimaçant, hideux affreux. Le Ogoh-Ogoh repoussera plus tard les esprits venus, comme chaque année, envahirent la terre.

Le jour de l’an tous ces Ogoh-Ogoh sortiront de l’ombre pour aller affronter en plein jour les spectres de l’au-delà. S’ils sont affreux, c’est que leur rôle est d’effrayer les mauvais esprits et de les repousser hors de Bali. Dès le matin les défilés s’organisent.

Jeune 1 Comédien 50 ans

Il y en a qui viennent de l'ouest, d'autres du nord, du sud de l'est… Quand on se met en branle, au départ, on commence toujours par l'est, la direction sacrée.

Jeune 2 autre comédien

Nos monstres prennent souvent appuie sur notre mythologie. Notre histoire est celle d’un enlèvement. Apres c’est toujours le même principe : enlèvement d’une femme, mari jaloux, bagarre. Ils se battent pour une femme une histoire vieille comme le monde. En espérant que cette bataille éloigne les esprits malins qui nous veulent du mal.

Jeune 3 autre comédien

Nous m'avons peint en rouge parce que le caractère est violent; donc la couleur doit refléter cette violence.

Commentaire

L’île toute entière s’emplie de bruit, de grimaces, de monstres : les esprits malins descendront sur une terre où règne l’agitation. Les Ogoh-Ogoh vont alors sauter, danser, tourner en rond, foncer parfois sur le public, faire les fous pour perdre les génies du mal.

A partir du lendemain, jour même du Nyepi, les rues doivent rester désertes, aucune lumière ne doit être visible, tous les magasins restent fermés. Les mauvais esprits et autres démons ne sont alors pas tentés par un retour sur cette île désertée par les humains. Les Balinais restent en famille, à la maison, avec interdiction d’en sortir. On mange les plats préparés la veille, on boit les boissons achetées par le banjar les jours précédents, on joue aux cartes. Cette nuit, à la lueur de quelques petites lumières soigneusement camouflées et en faisant le moins de bruit possible, les Balinais feront la fête tous ensembles, en silence et sous la protection des Dieux

Le gong

Commentaire

La musique est omniprésente à Bali. On la retrouve partout, tout le temps, pratiquement tous les jours de l’année. Dès que nous sortons des grosses agglomérations nous entendons ce son qui se balade derrière un mur, au-delà d’une rizière ou se mélange au son d'un petit village. Nous sommes allés dénicher en plein cœur de Bali, les secrets de sa fabrication.

Patron gong Comédien 50 ans

Cette forge vient de mes ancêtres, du côté de mon grand-père, depuis je ne sais quelles générations...il y a au moins 250 ans qu’elle existe.

Mes ancêtres sont venus de Klungkung à Blabatuh il y a à peu près deux cent cinquante ans. C’est mon père qui a vraiment développé cette affaire et qui lui a donné l’envergure d’aujourd’hui. C’est toujours mon père qui m’a appris la technique de fabrication...Pour perfectionner mes connaissances en métal, je suis allé à l’école pour étudier la métallurgie. Je me suis spécialisé dans le domaine du bronze. J’ai développé la technique classique avec des éléments modernes, et j’ai obtenu un produit plus fin et moins cher.

Tous les sons balinais sont déjà présents, ils sont inscrits dans le bronze.

Les matériaux de base sont le cuivre à 30% et l’étain 70%

Ensuite on l'amène ici pour chercher la "base" du son. On cherche le son correct; et en suite c'est la finition.

Il y a aussi comme corps de métier le travail du bois.

Dès le début il y a un « patron », un mal, comme on dit à Bali ;

Ce patron on le place sur le bois pour faire la structure.

Il faut compter six mois du début à la fin, pour ceux qui ont des sculptures. Pour les autres au maximum deux mois.

Le tewel est un bois de bonne qualité ; du point de vue médical et religieux il est considéré bon par les balinais et son prix est abordable. Le teck est bien sur meilleur, mais il est hors de prix. Les gamelans sont surtout utilisés par les hindous...qui sont de niveau économique ordinaire.

En ce qui concerne la qualité du son, qu’il s’agisse d’un tuyau de plastique ou d’un bambou, ça n’a pas d’importance, aussi longtemps que l’un ou l’autre soit proprement installé, en conformité avec les règles.

A Bali, le gamelan est lié à la religion; les balinais sont Hindou, il y a des cérémonies hindoues. La culture et la religion balinaise sont indissociables. La majorité de la population est hindoue, et ils utilisent sans arrêt des gamelans, parce qu’il y a des cérémonies sans arrêt.

Commentaire

Certaines recettes des maîtres fondeurs, pour les gongs et les armes, passent pour être des secrets alchimiques. Le bronze a une double réputation : celle du métal offrant la meilleur diffusion sonore et supposées chargées de pouvoirs surnaturels.

Dans les gamelans, le grand gong est sacré; après la fabrication, le fondeur a invité un esprit à s'y installer. Cet esprit est nourri d'offrandes avant que le gong ne soit frappé une première fois, et alors seulement la musique peu commencer...

Danse

Commentaire

Bali sans la danse ne pourrait pas exister. Elle accompagne au même titre que le gong les cérémonies balinaises. Tout comme la musique elle se vit au quotidien. Les faubourgs de Denpasar regorgent d’école de danse. Beaucoup plus qu’une simple activité, qu’un hobby la danse est une véritable discipline.

Maître fils autre comédien

Enseigner la danse n’est pas tout simple. Pour moi elle constitue une drogue, j’en suis conscient. Quand je commence à danser rien ne pourra m’arrêter ; je ne sens ni la fatigue ni la faim. Les leçons durent de 14 heures à 19 heures. C’est long pour les enfants. Mais je dois leur apprendre que la danse est plus importante que la fatigue ou la faim. Je dois les former mentalement. S’il se révolte au point de ne plus pouvoir danser, j’interromps le cours. Je cherche leurs limites. Il me faut faire attention parce que je ne connais pas les miennes de limites.

Dans la danse la sensation première est celle du mouvement, on ne peut pas le voir d’emblée. Après deux ou trois rencontres avec l’enfant, on a une petite idée de son aptitude au mouvement. C’est souvent bien après que l’on voit s’il est doué ou non.

Maître père Comédien 50 ans

Il y a beaucoup d'enfants doués, mais c’est difficile de les juger à priori. Il y a ceux qui à première vue n’ont pas l’air de pouvoir devenir de bons danseurs...mais qui tout à coup se révèlent comme de bons danseurs. Il y a ceux qui font bonne impression en premier, mais qui ensuite déçoivent. D’après moi tout dépend du taksu, de l’esprit de la danse. C’est à dire le pouvoir donné par Dieu de charger la danse de charisme, ce qu’on appelle aussi la présence.

Enfant 1 Angélique

Ma concentration est totale, surtout pour les danses qui représentent une histoire ; par exemple dans le jauk, il y a un roi cruel et vicieux ou dans une autre histoire où le garçon est extrêmement sensible.

Enfant 2 Angélique

Ce qui est difficile est de trouver la justesse du geste.

Enfant 1 Angélique

Le plus difficile est de danser de manière féminine.

Fillette Angélique

Le mouvement et la musique, le rythme.

Question

Quand vous dansez, à quoi vous pensez ?

Fillette Angélique

A la danse.

Maître fils autre comédien

Le concept du cours est un concept balinais.

Le cours s’appelle Kusuma Budaya. Qu’est-ce que ce nom veut dire : kusuma est une fleur, budaya veut dire culture. Les Balinais, les Indonésiens, mais surtout les balinais aiment la culture comme ils aiment les fleurs. On peut dire que les gens aiment l’idée de fleurs; je suis fidèle à ce concept.

On appelle Bali l’île des dieux. Pour que cette île reste divine il nous faut multiplier ce genre de cours. La beauté dans l’art et facile à voir mais difficile à faire. Si nous voulons une île où tout est beau il faut éduquer les enfants dans ce sens. La danse est une éducation de la beauté.

Maître père Comédien 50 ans

Vous me demandez si l'on a eu beaucoup de médailles? Ma réponse est que ceux qui viennent ici ne viennent pas avec cet esprit-là.

Ce que nous cherchons, c’est la paix intérieure.

Les femmes

Commentaire

Conserver en l’état des traditions séculaires est un travail épuisant. Les balinais vivent au quotidien avec leurs dieux. Il y en a beaucoup qu’il faut chérir, honorer, prier. Il n’y a pas un seul jour dans l’année où les balinais n’ont pas quelque chose à faire avec leur divinité. Les préparatifs sont longs, préparer les offrandes prend des heures et il faut le faire tous les jours. Ce sont les femmes qui s’occupent de ce travail. Depuis quelques années les femmes sortent de l’enceinte de la maison. Ce qui était inconcevable il y a quelques temps devient possible aujourd’hui ; portrait de deux femmes peu ordinaires à Bali

Commentaire

Ketut s’est mariée à un français. Elle dirige une petite entreprise de fabrication de meuble en bambou. Un gant de velours dans une main d’acier ; une nouvelle génération de femme.

Commentaire

Les mercredis d’Aria Tingen commence tôt. Il faut se lever à une heure du matin pour être au marché avant deux heures. Les premiers camions arrivent, les meilleures affaires se font souvent à ce moment là

Aria Angélique

Ce n’est pas parce que je suis une femme qu’il y a des problèmes. Les maquignons me connaissent tous maintenant. La règle veut que quand une bête est amenée par un paysan c’est celui qui s’empare de la corde en premier qui peut discuter d’abord. Quand la bête est magnifique il y a des problèmes parce que bien évidemment tout le monde la veut. Mais il n’y jamais de bagarres juste des discussions animées liées aux marchandages.

Aria Angélique

Alors ?

Homme 1 autre comédien

Je te l’ai dit mon prix. Je ne vais pas le répéter 10 fois !

Aria Angélique

Tu peux retourner à ta ferme avec ta vache. Personne ne paiera ce prix-là.

L’art du maquignon consiste à ne pas se précipiter sur la bête sinon il ne pourra pas discuter des prix et de ne pas traîner sinon un autre va se saisir de la corde avant lui et s’emparer de l’animal

Homme 2 Comédien 50 ans

Je la connais depuis des années. Son père était maquignon. Elle sent les bonnes affaires, elle est redoutable. On ne la voit jamais sauf quand une bonne affaire se présente à ce moment elle est là. Sa réputation ici n’est plus à faire

Question

Ça change quelques choses qu’elle soit une femme à votre avis ?

Homme 2 Comédien 50 ans

Pas du tout. Elle connaît toutes les ficelles du métier.

Aria Angélique

Quand mon mari nous a abandonné en 1990; j’étais désespérée. Je me relève maintenant grâce au travail. De toute façon je n’ai pas le choix. Avec deux enfants à charge il faut travailler

Je n’achète pas tout; je suis sélective; si on me propose une bête de mauvaise qualité, je n’en veux pas, même si elle est proposée par mon homme de main. Il en va de ma réputation.

En saison des pluies je suis trempée et tout le monde sent mauvais. Moi je ne pense pas à l’odeur, mais au travail, au profit que je peux faire. L’odeur vient en second; je peux toujours me baigner; l’important c’est de trouver de bonnes bêtes; ici la concurrence est dure. On est sur le qui-vive. La difficulté du travail, tout le monde s’en fou et moi aussi même si je suis la seule femme qui vend et achète au marché aux vaches.

Commentaire

Il est dix heures du matin. Aria fait une pause. Un autre marché prend le relais : celui du marché aux petits animaux. Les balinais sont de grands amoureux d'oiseaux mais leur grande passion c'est les coqs.

Coq

Commentaire

Un balinais m’a dit : « c’est simple, ici à Bali nous avons deux priorité : la nourriture et les coqs ». Véritable institution l’élevage et les combats de coq font partie des bases de la culture balinaise. Bien sur les combats sont majoritairement interdits voire tolérés lors de certaines cérémonies religieuses et évidemment tout le monde s’en fou à Bali. Enlever le coq et ses enjeux à un balinais reviendrait à l’enterrer vivant, pour preuve le marché au coq de Denpasar. C’est là que nous avons rencontré Wayan. Des gens viennent de l’autre bout de l’île pour lui acheter des coqs 10 fois plus cher que le tarif normal. Il s’est fait une solide réputation depuis des années : tout le monde sait que les coqs de Wayan sont des gagnants. Pourtant, signe des temps et sans doute de la malchance depuis quelques temps ses coqs perdent des combats.

Homme 1 autre comédien

Combien coûte celui-ci ?

Wayan Comédien 50 ans

100 000 roupies

C’est un coq rouge, aux jambes blanches, avec un doigt l’une des pattes, et des jambes à la structure robuste.

La plupart viennent de chez moi, de mon élevage ; je tiens ça de mes parents, Les trois choses que je préfère c'est : les coqs, vaches, les chevaux.

C’est pour tester sa force.

Je sens bien qu'il est en parfaite santé là. Je le vois à son souffle.

Ce coq blanc à plumage noir a gagné jusqu’à treize combats, c’était un coq de type Serawak.

Il venait de Kintamani, mais je l’avais acheté ici; finalement après qu’il ait gagné de multiples fois, j’ai fini par le remettre en liberté ; il était devenu borgne. Un jour il est sorti, il s’est approché d’une chienne qui venait de mettre bas; il l’a confronté, et elle l'a dévoré.

Homme 2 autre comédien

Combien coûte ce coq ?

Wayan Comédien 50 ans

150 000 roupies.

Commentaire

Malgré les réticences d’usage, l’affaire est faite. Wayan a vendu son deuxième coq ce matin. Il se précipite vers une bête qu’il convoitait depuis déjà deux jours.

Wayan a un gagnant, un vrai. Cette fois ci la chance est avec lui il en est certain. Cet après-midi il y a un combat de coq important dans les faubourgs de Denpasar. Wayan y fera combattre son champion.

Wayan Comédien 50 ans

Une fois, j’ai été obligé d’arrêter les combats de coqs pendant une longue période. J’ai dû émigrer à Banyuatis. Je suis devenu journalier, je ramassais le bois mort pour quelques fois pas plus de dix roupies par jour – heureusement que l’argent valait encore quelque chose à l’époque.

Après ce fut une belle période; je pouvais emmener jusqu’à 8 coqs pour les combats. Je me souviens même qu’à un moment j’osais emmener jusqu’à 10 coqs, c’était une époque en or pour les combats.

Commentaire

Avant de combattre les coqs et leur maître descendent dans l’arène. Les gros paris se feront à ce moment-là entre les propriétaires. Ces professionnels des combats jaugent leurs adversaires, acceptent ou refusent un affrontement. Pour l’instant personne n’ose combattre contre le coq de Wayan. Sa réputation, même si elle a souffert, reste de taille. Sa bête fait peur.

C’est le premier combat. D’un coté à l’autre de l’arène les gens s’interpellent, montent les enchères…. Il parait impossible au milieu de cette pagaille hystérique que les paris soient compris et acceptés pourtant à la fin des combats les perdants iront calmement payer les gagnants.

Deuxième sept; cette fois-ci Wayan a trouvé un adversaire. Son coq va rentrer dans l’arène.

Le coq de Wayan a perdu. Il aurait dû refuser le combat. Il a mal jugé son adversaire. Une partie de sa réputation est morte avec l’animal.

Wayan Comédien 50 ans

Je ne peux pas m’arrêter de faire combattre les coqs. Je ne peux pas me tenir loin des combats. J’ai toujours envie de sentir cela ;

Question

Est-ce que ça vous a causé des problèmes avec votre femme ?

Wayan Comédien 50 ans

Non, non.

Question

C’est n’est pas possible…Vous n’ayez jamais eu de problèmes ? Elle ne s’est pas mise en colère ?

Wayan Comédien 50 ans

Oui, elle se fâche, mais elle se fatigue et elle revient finalement à moi toute gênée.

Si je ne vais pas aux combats de coq, je ne me sens pas bien physiquement…Mais aussitôt que je vois un coq de combat, mes ennuis s’envolent.

Moi, je n’hésite pas, je peux vendre une vache pour miser sur un ou plusieurs coqs ; mais il y a peu de gens qui vende leur bétail pour parier ; il n’y en a pas beaucoup ; d’habitude ils réfléchissent ; autrefois on utilisait le cheval comme véhicule ; et bien moi j’ai perdu mon cheval.

Il va falloir que je change quand même ; je n’ai plus assez d’argent pour l’instant. J’espère que je vais pouvoir finir l’année. Il vaut mieux que je pense au présent parce que mon avenir n’est pas terrible. Il faut absolument que je rembourse deux millions avant la fin de cette année et deux autres avant la fin de l’année 2006. Je ne peux plus repousser cela…

Conclusion

Commentaire

La musique, la danse, l’art du bois, Bali semble ancré dans ses traditions. La tradition est à la fois un garant et un leurre. Elle garantit que le savoir accumulé pendant des générations d’hommes et de femmes sera bien transmit à ses descendants, elle leurre les humains qui s’y accrochent désespérément, veulent que leurs enfants fassent la même chose qu’eux même, qui désire ardemment que le passé se pérennise et deviennent futur, qui cherche à tous prix que l’histoire se fige dans le temps, qui court derrière l’immortalité, sans jamais l’attraper.

Bali a certainement un savoir à nous transmettre et un changement à accepter.